Alors que son adversaire en novembre prochain, empêtré dans sa gestion catastrophique de la crise du coronavirus1Symbole de ces difficultés, Trump a été forcé d’annoncer le 23 juillet qu’il renonçait à prononcer son discours d’investiture à Jakcsonville, ville de la Floride particulièrement frappée par les contaminations alors qu’il avait il y a quelques semaines choisi cette ville après le refus du gouverneur de Caroline du Nord, où est prévu la convention républicaine, d’autoriser plusieurs milliers de personnes à se rassembler pour assister à ce discours., tente de relancer sa campagne en attisant les divisions au sein de la société américaine et en multipliant provocations et polémiques, Joe Biden a choisi de ne pas rentrer dans le jeu du Président Trump et consolide calmement son programme et ses soutiens.
Sans céder aux appels à occuper davantage l’espace médiatique de ses soutiens qui se désespéraient de le voir se limiter à des événements en ligne2Notons que ses adversaires stigmatisaient aussi cette option, comme une trace de l’âge avancé ou de la faiblesse de caractère de Biden, par opposition au Président prêt à « affronter » le virus et à multiplier les visites de terrain., Joe Biden a tenu sa ligne de communication, y compris quand le coronavirus a semblé dans un premier temps reculer et être sur le point d’être maîtrisé : l’importance de mener campagne ne doit pas primer sur la gestion du coronavirus et en tant que responsable politique… responsable. Il se doit dès lors de montrer l’exemple et s’en tient au strict respect des consignes édictées par les autorités de santé publique en portant systématiquement un masque lors de ses déplacements, en refusant d’organiser des meetings électoraux, etc.
Alors que la pandémie n’est pas du tout maîtrisée, cette attitude n’a fait que renforcer le contraste avec le Président sortant et conforter l’image d’empathie, de responsabilité et de focalisation sur l’intérêt général que veut véhiculer l’équipe de campagne de Biden.
Certes au prix d’une moindre exposition que le Président3Lequel a repris le 21 juillet ses conférences de presse quotidiennes sur la pandémie, en essayant de limiter les questions-réponses avec les journalistes et les dérapages inhérents à l’exercice et au caractère du Président. Ces conférences de presse beaucoup plus courtes que celles tenues au début de la pandémie. Le tout donne d’ailleurs l’impression que Donald Trump est aux abois et sur la défensive ce qui contrarie l’image de force, d’assurance et de domination qu’il cherche à véhiculer dans le même temps., mais il n’a sans doute pas échappé à Biden et son équipe, d’une part que la polémique ou les tweets intempestifs n’étaient pas vraiment son meilleur registre, et surtout d’autre part que les américains commencent à se lasser de la frénésie de Trump sur Twitter.
Pour autant, Biden n’est pas absent de l’espace médiatique qu’il parvient à occuper au travers d’annonces régulières et égrenées avec méthode depuis quelques semaines sur des propositions de fond, qu’elles concernent la crise en cours (proposition de plan de réouverture des écoles, là encore s’appuyant sur les recommandations des autorités sanitaires et des experts scientifiques) ou qu’elles portent davantage sur sa « plate-forme électorale » (i.e. son programme).
Ainsi, ont été diffusées le 8 juillet dernier les recommandations des groupes de travail menés conjointement par des personnalités soutenant Biden et d’autres soutenant Bernie Sanders, que Biden s’est engagé à reprendre à son compte.
Ce document, manifestement étroitement discuté avec l’équipe de campagne de Biden tout au long de sa rédaction afin d’éviter de mettre en difficulté le candidat, a confirmé que le programme de Biden inclurait des propositions ambitieuses sur le changement climatique, mais aussi sur l’assurance maladie (sans aller jusqu’au « Medicare for all » avec un financeur public unique comme proposé par Sanders, mais en améliorant significativement l’ObamaCare existant pour proposer aux populations les plus fragiles des assurances publiques abordables), objectif d’un salaire minimum fixé à 15 dollars, annulation des mesures anti-immigration mis en œuvre depuis le début de la Présidence Trump, etc.
Quand j’ai parlé à Joe il y a quelques temps, il m’a dit qu’il voulait être le président le plus progressiste depuis Franklin Delano Roosvelt. Est-ce que je crois que Biden pense que le temps est venu d’agir de façon audacieuse pour protéger les travailleurs américains et les personnes les plus fragiles économiquement dans ce pays ? Oui, je pense que c’est le cas.
Bernie Sanders le 8 juillet
Si Biden n’a pas repris l’intégralité du programme progressiste de Bernie Sanders4Il n’a par exemple pas inclus un effacement complet de la dette étudiante ou le projet de rendre les études supérieures gratuites pour tous., cette opération a permis au candidat démocrate à Sanders et à d’autres figures progressistes du parti démocrate de réaffirmer leur soutien à Joe Biden, mais aussi d’enregistrer de nouveaux ralliements du camp progressiste : par exemple, les mouvements sociaux initialement réservés sur les propositions présentées par Biden sur le changement climatique se sont déclarées très satisfaites des propositions (cf. par exemple la réaction de la directrice du Sunrise Movement, mouvement de jeunes, très en pointe sur le changement climatique).
En effet, le programme de Biden devraient reprendre de fait les grandes lignes et les mesures les plus emblématiques (suppression des émissions de carbone des centrales électriques d’ici 2035, neutralité carbone de l’économie américaine d’ici 2050, etc.), à l’exception de l’interdiction de la fracturation hydraulique, du Green New Deal porté par l’aile progressiste du partie dans le sillage de Bernie Sanders et Alexandria Ocasio Cortez notamment, sans utiliser le terme jugé potentiellement clivant.
Enfin tous les participants ont loué à nouveau la capacité d’écoute de Biden et ses proches et leur volonté de compromis avec le courant progressiste. Les sondages indiquent désormais que le soutien apporté à Biden par les électeurs qui avaient voté pour Elizabeth Warren et Bernie Sanders lors de la primaire est extrêmement fort.
Si évidemment rien n’est définitif et s’il y aura certainement quand même un peu de perte en ligne du côté des supporters les plus radicaux de Sanders, Biden semble en tout cas avoir parfaitement joué le jeu à ce stade pour rassembler l’ensemble du parti autour de lui, contrairement à Hillary Clinton qui avait beaucoup pâti en 2016 de n’avoir pas su – faute de l’avoir vraiment voulu, pour partie – rallier les supporters de Bernie Sanders5Rappelons toutefois que les circonstances n’étaient pas les mêmes : le fait que la victoire d’Hillary Clinton était donnée pour certaine a sans doute aussi joué dans l’absence de mobilisation des électeurs de Sanders. En novembre prochain, il est probable que le rejet de Trump et la crainte d’un deuxième mandat motivent fortement une partie de ces électeurs..
Joe Biden a dans le même temps évité de tomber dans le piège d’une expression trop radicale ou progressiste, qui aurait pu paraître attractive dans le contexte du mouvement de protestation contre les discriminations raciales et les violences policières qui se poursuit depuis fin mai. Il continue ainsi à refuser d’endosser le slogan « defund the police », et l’expression n’est pas présente dans ses documents de campagne ou dans le document issu de la task force Biden – Sanders6Ce qui a donné lieu à une séquence télévisuelle assez rocambolesque le 19 juillet lors que Trump, qui affirmait que Biden voulait « limiter le budget de la police », a été contredit par un journaliste vedette de Fox News – on se permettra de dire que c’est à peu près le seul journaliste de Fox News qui fasse véritablement un travail journalistique. Furieux le Président a demandé à son équipe de lui trouver immédiatement un document prouvant que Biden reprenait le slogan à son compte afin de prouver qu’il avait raison, sans y parvenir finalement..
C’est que tout en s’évertuant à rallier le camp progressiste, Joe Biden a aussi cultivé son image de modéré raisonnable et ne s’est pas renié, choisissant soigneusement les sujets sur lesquels il se rapprochait du camp progressiste : s’agissant de l’assurance santé par exemple, ses propositions se focalisent sur des catégories de personnes dont la pandémie a montré qu’elles étaient mises en difficulté par le système actuel (personnes perdant subitement leur emploi ou ayant des faibles revenus).
De même les ambitieuses propositions dévoilées le 21 juillet par Biden en matière de financement public pour la garde d’enfants, de création d’un congé parental rémunéré, de soutien aux aidants de personnes handicapées ou de revalorisation des rémunération des aides à domicile et de création d’emplois dans le domaine, portées de longue date par le camp progressiste, vont sans doute trouver un écho bien au-delà de cet électorat, compte tenu de ce qu’a révélé la pandémie : difficultés pour faire garder les enfants depuis que les écoles sont fermées qui compliquent la reprise normale de l’activité économique, situation dramatique des personnes handicapées et de leurs proches, regain de l’intérêt pour le maintien à domicile des personnes âgées compte tenu des ravages du coronavirus dans les établissements pour personnes âgées, etc.
Et si les républicains ont d’emblée critiqué le coût de ces mesures et agité le spectre d’une hausse des impôts, Biden et les démocrates se sentent manifestement à l’aise, dans le contexte actuel, pour proposer de financer ce type de mesure en taxant les plus riches et en rétablissant des taxes sur les investisseurs immobiliers.
Ce plan sur le soutien aux familles, annoncé le est d’ailleurs le troisième plan précis développé par Biden pour mettre plus particulièrement en avant son programme : le premier concernait la relance de l’industrie et le patriotisme économique (le « Buy American »), le deuxième portait également sur l’économie mais cette fois sur la croissance verte et les possibilités de création d’emplois qu’elle peut apporter. Ces discours ont permis de mettre en avant le slogan actuel de Biden, d’ailleurs utilisé par la société civile impliquée dans les questions de changement climatique : « Build Back Better »7C’est à dire « reconstruire en mieux »..
L’objectif de ces coups de projecteurs est clair : séduire certaines catégories électorales qui ont manqué à Hillary Clinton en 2016 et notamment les américains peu diplômés blancs ou les fameuses « suburban middle class women » (les femmes blanches de la classe moyenne).
Joe Biden, qui vient d’un milieu populaire et qui a toujours renvoyé l’image d’un homme politique proche des américains ordinaires8Cette image avait été importante dans le choix réalisé par Barack Obama de faire de Biden son colistier en 2008. Plusieurs « insiders » ont rapporté ensuite que Biden portait effectivement lors des discussions politiques avec Obama une grande attention à l’impact des mesures envisagées sur les classes moyennes et les ouvriers., mise d’autant plus sur ces électeurs qu’il avait réussi à les attirer pendant la primaire démocrate, par exemple dans le Michigan, où l’analyse détaillée du vote a montré que les banlieues résidentielles qui avaient voté Sanders lors des primaires de 2016 ont bien voté Biden en 2020.
Pour clore cette étape importante de présentation du programme en amont de la convention démocrate (laquelle validera cette plateforme et devra démontrer l’unité du parti derrière le candidat investi), un quatrième discours de Biden est annoncé pour les prochains jours : il portera cette fois sur la question raciale. Il s’agira pour Biden, qui, rappelons-le, a été désigné candidat démocrate grâce au soutien massif des électeurs démocrates afro-américains, de capitaliser sur le mouvement « Black Lives Matter » en cours pour sécuriser définitivement cet électorat.
Le sujet n’est pas aussi simple qu’il peut y paraître – même si on voit mal, vue sa gestion du mouvement de protestation en cours, comment Trump pourrait attirer l’électorat afro-américain…) car il s’agit de mobiliser l’électorat afro-américain au-delà des militants démocrates, et notamment d’attirer les jeunes qui s’étaient fortement abstenus en 2016 et qui considèrent peut-être encore que Biden est trop prudent sur le sujet. Ce dernier devra par exemple expliciter sa position sur le rôle de la police mais aussi aller au-delà et rentrer dans le détail des mesures concrètes qu’il compte proposer pour régler les questions de racisme systémique dans le domaine économique, du logement, etc.
En attendant, les récentes annonces de Biden ont exaspéré le Président, en premier lieu parce qu’il a eu l’impression – justifiée – que Biden récupérait certains de ses thèmes de prédilection et chassait sur ses terres électorales, en insistant sur la relance de l’industrie et du secteur manufacturier, en évoquant les marchés publics et le « Buy American », thèmes au cœur de la campagne Trump de 2016) ou en faisant des propositions sur la politique familiale, que Trump considère aussi être son pré-carré par un raccourci sans doute un peu trop rapide entre « famille » et « valeurs conservatrices ».
Mais quand le Président s’agite et affirme que Biden n’a jamais rien fait sur le sujet pendant son (long) passage au Sénat ou ses huit années de vice-présidence, il rappelle aussi aux électeurs que sur ces différents sujets, le Président n’a lui-même pas grand-chose à inscrire au bilan de son mandat en cours et n’a pas de propositions concrètes pour un éventuel deuxième mandat.
Et le Président a beau annoncer qu’il présentera des plans sur ces sujets rapidement (il a ainsi annoncé le 19 juillet un plan « dans les 15 jours » sur l’assurance santé ou sur l’immigration), on se souvient aussi qu’il avait annoncé en juin 2019 qu’il sortirait un plan « phénoménal » dans les deux mois, sans autre suite que l’obstination de son administration à fomenter et soutenir des contentieux contre l’ObamaCare.
Trump et son équipe de campagne tentent dans le même temps de faire passer Biden pour un candidat radical, ou tout au moins comme un candidat ou un président qui sera manipulé par de dangereux gauchistes. Mais là encore l’argument risque d’être compliqué à défendre : comment en effet présenter Biden à la fois comme l’archétype du politicien de l’« establishment » en place depuis 40 ans qui n’a jamais rien fait pour les américains et comme un affreux révolutionnaire ?
D’autant que Biden a bien mené sa barque et on l’a vu, tout en donnant des gages au camp progressiste, s’est bien gardé de s’aventurer sur certains terrains glissants (il a par exemple systématiquement pris le soin de faire la distinction entre la remise en cause des symboles sudistes ou racistes, qu’il juge légitime, et la remise en cause systématique de tous les « héros » américains, pour contrer l’amalgame permanent que fait Trump sur le sujet).
Cette campagne méthodique de Biden porte manifestement ses fruits (si l’on se fie, ce qui n’est pas le cas du Président, aux sondages) : il est désormais nettement en avance sur le Président sortant dans toues les enquêtes, que soit au niveau national ou dans les états qui sont censés être les plus disputés en novembre prochain (cf. par exemple le recensement de l’ensemble des sondages par le site du projet « five thirty eight »).
Selon un sondage diffusé par Fox News le 19 juillet, il devance également le Président sur les questions plus qualitatives qui comparent les candidats sur des sujets précis (par exemple sur les qualités requises pour être président), ou un sur des catégories électorales très importantes comme les électeurs de banlieue. Biden est aussi désormais considéré comme aussi compétent que Trump sur les sujets économiques, alors que c’était le seul sujet sur lequel le Président sortant bénéficiait encore d’un avantage dans l’opinion récemment.
Reste néanmoins quelques étapes majeures à franchir pour le candidat démocrate avant de pouvoir vraiment considérer être en bonne position. Il doit d’abord ne pas écarter un événement imprévisible de nature à bouleverser la campagne, comme ont pu le faire la pandémie de coronavirus ou la mort de George Floyd et tenir compte des possibles erreurs des sondages (même si les instituts d’opinion ont modifié leurs méthodes suite au fiasco de 2016) ou de la fragilité de ces derniers (seuls un peu moins de la moitié des électeurs déclarent aujourd’hui avoir définitivement fait leur choix).
Joe Biden doit aussi tenir compte d’un paramètre important qui doit lui imposer une certaine prudence et une attention de tous les instants pour éviter les « gaffes »9L’image de gaffeur lui colle à la peau, en raison de quelques expressions malheureuses (comme lorsqu’il indiquait fin mai qu’un afro-américain qui hésiterait entre lui et Trump ne serait pas un vrai afro-américain) ou de confusion dans l’expression (il trébuche régulièrement sur des mots ou des chiffres, ou dit un mot pour l’autre, comme quand il a indiqué être candidat au Sénat et non à la présidence). : dans un sondage de Fox News réalisé mi-juin les personnes se déclarant prête à voter pour lui le font en très large majorité par peur de voir Trump être réélu. Ils sont 63% dans ce cas, contre 31% qui voteraient Biden par enthousiasme, alors que la proportion s’inverse presque exactement s’agissant de Donald Trump.
Ce type de support peut sembler fragile même si Biden s’est toujours positionné, depuis le début de sa campagne pour la primaire démocrate comme le meilleur candidat anti-Trump. Il ne se fait sans doute pas d’illusions sur les motivations qui conduiront les électeurs à voter pour lui. Mais il doit aussi tenir compte de ce manque d’enthousiasme pour éviter l’abstention ou le vote vers des petits candidats10A ce stade l’absence de « troisième candidat » susceptible d’attirer significativement les électeurs est une chance pour Biden..
Un sondage Fox News déjà cité révèle en effet que 33% des personnes interrogées ne sont pas satisfaites du choix qui leur est proposé11C’est ainsi qu’on voit régulièrement des pancartes dans les jardins ou des auto-collants sur les voitures avec le slogan « Any functioning adult 2020 », en référence aux habituels manifestations publiques de soutien à un candidat via son nom et l’année de l’élection. et que ces personnes sont plus nombreuses parmi ceux qui déclarent être prêts à voter Biden.
A court terme, Joe Biden doit également choisir sa colistière c’est-à-dire la candidate démocrate à la vice-présidence. La procédure, lancée depuis plusieurs mois, semble avoir été menée avec suffisamment de sérieux et les candidates pressenties sont suffisamment compétentes et enthousiasmantes pour qu’on voit mal Biden faire un choix qui pourrait s’avérer préjudiciable.
Reste qu’il y aura des déçus parmi les militants démocrates (si la candidate n’est pas estampillée « progressiste » ou n’est pas issue des minorités), et que cela fournira un nouvel angle d’attaque pour Trump et ses soutiens (une candidate « progressiste » accréditerait la thèse du risque de manipulation par les « gauchistes », par exemple) et de toute façon une nouvelle cible pour la campagne digitale de caniveau menée par la Trumposphère.
C’est en définitive davantage lors des débats qui seront organisés à l’automne12Il en est prévu trois à ce stade. que Joe Biden pourra définitivement consolider sa position s’il tient tête à Donald Trump, ou au contraire relancer la campagne, si, comme semble le croire le Président et ses soutiens, il y démontre une faiblesse de caractère ou des signes de sénilité, prêtant ainsi le flanc à la rhétorique républicaine selon laquelle Biden est inapte à être Président13Lors de cette fameuse interview du 19 juillet, le Président a refusé de dire que Biden était sénile… tout en déclarant que Biden « ne savait même pas lui-même qu’il était vivant ».. Car si les électeurs semblent avoir désormais les idées claires sur Donald Trump, ils peuvent encore évoluer quand à leur opinion sur Joe Biden.
Depuis l’abandon des plans pour organiser la convention républicaine en Floride avec comme clou du spectacle le discours d’acceptation de l’investiture devant une foule en délire, le camp Trump considère d’ailleurs désormais ces débats comme le seul « moment de télévision » important de la campagne.
L’enjeu pour les prochaines semaines est donc bien là pour Biden : se préparer activement pour un exercice dans lequel, même s’il inspire naturellement la sympathie, il n’est pas particulièrement à l’aise (rappelons qu’il a longtemps lutté pendant sa jeunesse pour surmonter son bégaiement) et lors duquel son adversaire ne manquera de porter des attaques basses et violentes et d’asséner des contre-vérités plus aberrantes les unes que les autres.
quel est le terme “jugé potentiellement clivant” que Biden évite d’utiliser svp ?
L’expression “Green New Deal” est, au même titre que “Medicare for all”, un des marqueurs de l’aile gauche du parti démocrate et très associé aux figures progressistes et clivantes que sont Alexandria Ocasio Cortez (qui a présenté un projet de législation au Congrès visant à mettre en œuvre ce projet) ou Bernie Sanders qui a repris ensuite à son compte le projet dans son programme de campagne pour l’investiture démocrate. En évitant de reprendre l’expression à son compte tout en endossant les grandes lignes du plan et les grands objectifs, Joe Biden donne des gages importants (et apparemment, suffisants à ce stade) à l’aile gauche du parti sans trop s’exposer aux critiques selon lesquelles il n’est pas un candidat modéré mais désormais un “radical” manipulé par les gauchistes. Cela lui évite aussi de devoir défendre certains aspects du “Green New Deal” comme le recours à l’emploi public pour compenser les pertes d’emploi dans certains secteurs émetteurs de gaz à effet de serre, qui ne sont probablement pas très porteurs dans l’opinion publique américaine en générale et avec lesquels lui-même n’est pas idéologiquement aligné.