Le « Joementum » rebat totalement les cartes de la primaire démocrate

En moins d’une semaine, entre le scrutin tenu en Caroline du Sud samedi 29 février et mercredi 4 mars, le paysage a été totalement bouleversé par les résultats positifs inattendus obtenus par Joe Biden – le « Joementum », comme disent ses partisans.

Alors qu’il y avait encore 8 candidats sérieux en lice le 29 février, la primaire peut désormais se résumer à un duel entre Joe Biden, représentant désormais le camp « modéré » après avoir reçu le soutien explicite de tous les anciens prétendants modérés (Buttigieg et Klobuchar avant Super Tuesday, Bloomberg dès le lendemain1Le ralliement explicite de Bloomberg peut assurer une force de frappe financière et en terme d’organisation, si Bloomberg, comme il l’avait annoncé, maintient son niveau d’investissement qui peut une équipe Biden jugée peu structurée jusqu’à présent.) et de figures du parti démocrate, et Bernie Sanders, pour le camp « progressiste ».

La perspective d’une convention « contestée », c’est-à-dire d’une convention qui commence sans qu’un candidat ait obtenu une majorité absolue des délégués et soit désigné au premier tour de scrutin s’éloigne. Bien sûr, quelques autres candidats ont obtenu des délégués, mais en nombre sans doute trop limité pour empêcher un des deux prétendants d’obtenir cette majorité. C’est sans doute un soulagement car le nominé démocrate aura suffisamment de travail pour battre Trump pour ne pas avoir à gérer en plus un déficit de légitimité démocratique après une nomination par l’appareil du parti et non par les militants.

A ce stade, aucune conclusion définitive ne peut être tirée et on se gardera bien de faire des pronostics : les deux candidats étant au coude à coude en nombre de délégués obtenus et il reste une près des deux tiers des délégués à attribuer. Si la dynamique semble désormais clairement du côté de Biden, le statut de « front-runner » a plutôt été un handicap depuis le début de la primaire. Rien n’est donc joué.

Alors que deux nouvelles échéances se profilent (dès mardi 10 mars pour « Big Tuesday » avec 7 primaires dont le très attendu Michigan, puis le 17 mars avec 4 primaires dans des états très peuplés comme l’Illinois, la Floride – stratégique également dans la perspective de l’élection de novembre, ou l’Ohio), voici quelques points d’attention pour les jours et semaines à venir.

A court terme, le résultat dans le Michigan le 10 mars sera scruté avec attention. Bernie y avait battu Hillary Clinton, de peu mais à la surprise générale, lors de la primaire de 2016. Trump avait ensuite gagné l’état lors de l’élection générale, symbolisant sa capacité à mobiliser les ouvriers et population rurale des états industriels fragiles des grands lacs. Sanders a beaucoup misé sur cet état pour démontrer sa capacité à affronter Trump, tandis que Biden a reçu le soutien de la gouverneure démocrate du Michigan, élue il y a deux dans face au sortant républicain.

Autre point d’attention : quel sera le ton de l’affrontement entre les deux candidats dans les jours à venir ? En effet, les clivages restent très importants et la capacité à rassembler plus tard, quel que soit le nominé, est dans toutes les têtes. Biden, pour des raisons stratégiques, mais aussi parce que c’est sans doute son caractère, s’est posé en rassembleur et n’a pas souhaité attaquer Sanders dans son intervention le soir de « Super Tuesday ». A contrario, Sanders a violemment attaqué Biden. Le débat du 15 mars qui sera limité à deux acteurs sera instructif sur ce point.

Enfin, dans le même ordre d’idée, les candidats vont-ils essayer de faire un pas vers l’autre camp, en cherchant des ralliements ou en adaptant leur programme ou leur discours, pour élargir leur base ? Biden a déjà commencé en citant des mesures (ou plutôt des enjeux) marqueurs du parti démocrate mardi soir, alors que jusqu’à présent, son discours était presque exclusivement axé sur sa personnalité et sa capacité à battre Trump. Côté Sanders, c’est plutôt les réponses aux attaques sur son passé (par exemple son soutien aux armes à feu ou ses déclarations pro-Cuba, qui sont jugés handicapant pour sa candidature) qui seront scrutées avec attention.

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