« Path to 270 » : quels sont les « battleground states » qui décideront du sort de l’élection et pourquoi Joe Biden n’a pas encore partie gagnée

En vertu de la Constitution américaine , le Président des Etats-Unis n’est pas élu au suffrage universel direct, mais par un collège électoral de 538 « grands électeurs », dont les membres sont désignés par les états sur la base du scrutin qui se clôturera le 3 novembre prochain. Pour être élu, il faut donc obtenir 270 grands électeurs, d’où l’expression « the path to 270 » (le « chemin vers 270 ») pour désigner la stratégie électorale déployé par les candidats pour obtenir cette majorité de grands électeurs.

Tout au long de la campagne, et encore plus à l’approche de l’échéance, tous les experts et amateurs se penchent sur la carte des Etats-Unis et sur les sondages pour étudier la façon dont les candidats des deux plus grands partis peuvent obtenir ces fameux 270 grands électeurs, les paramètres en jeu dans les différents états, et enfin les scénarios possibles pour la carte électorale et donc pour la composition du collège électoral – qu’on présentera dans une chronique séparée pour permettre aux lecteurs qui le souhaitent d’aller droit au but.

Le mode de désignation des grands électeurs est tellement particulier qu’il ne sert à rien d’obtenir plus de voix que son adversaire, c’est-à-dire de remporter ce qu’on appelle le « vote populaire » (Al Gore en 2000 et Hillary Clinton en 2016, pour ne parler que d’exemples récents, sont bien placés pour le savoir, eux qui n’ont pas été désignés Président alors qu’ils avaient remporté au total plus de voix que leur adversaire). L’important est de gagner des voix dans les bons états.

En effet, le nombre de grands électeurs que chaque état désigne correspond, selon la Constitution, à celui du nombre de membres qui le représentent au Congrès. Or, si le nombre de sièges attribués à chaque état à la chambre des représentants est fonction de sa population et réévalué régulièrement sur la base du recensement décennal prévu par la Constitution (il se déroule en 2020 et déterminera donc d’éventuelles évolutions pour les prochains cycles électoraux), chaque état, quelle que soit sa population, dispose de deux sièges au Sénat.

Ce dispositif, voulu par les fondateurs pour garantir que le choix du fédéralisme ne soit pas remis en cause par les évolutions démographiques, conduit à donner une représentation disproportionnée aux états peu peuplés, en majorité ruraux, au sein du collège électoral. Et comme la composition démographique des différents états est très hétérogènes (rural vs urbain, forte présence de minorités vs population presque exclusivement blanche, population diplômée vs peu diplômée, différences culturelles, etc.), la répartition entre démocrates, républicains et indépendants est très différente sur tout le territoire, et le collège électoral n’est de fait pas représentatif du pays.

Mais il existe un autre élément déterminant pour expliquer l’écart entre le résultat du « vote populaire » et le résultat obtenu via le collège électoral : à l’exception de 2 (petits) états, le Maine et le Nebraska qui désignent une partie de leurs grands électeurs par zone géographique, les états désignent leurs grands électeurs selon la règle dite du « winner takes all », c’est-à-dire que le candidat arrivé en tête remporte tous les grands électeurs, qu’il ait gagné de moins de 1% ou avec 30% d’avance – et même lorsqu’il n’a pas remporté la majorité des suffrages dans l’état. C’est ainsi qu’en 2016, Trump a gagné les 10 grands électeurs du Wisconsin en gagnant 47,8% des voix (contre 47% pour Hillary Clinton1Les 5% restant se répartissant entre des petits candidats puisqu’il n’y a qu’un seul tour.). Tandis qu’Hillary Clinton dernière remportait les 10 grands électeurs du Maryland avec 61,3% des suffrages (contre 34,5% pour Donald Trump).

De ce fait, dans la mesure où dans de nombreux états, l’un des deux partis gagne « toujours » nettement, seuls quelques états où le scrutin est serré comptent réellement dans le résultat final. Dans les autres états, les candidats à la présidentielle ne font même pas vraiment campagne dans les dernières semaines, puisque l’écart dans les résultats n’a aucune conséquence. Il est ainsi inutile en 2020 pour les deux candidats de faire campagne en Californie (qui vote nettement démocrate) ou dans l’Alabama (qui vote résolument républicain).

Les experts et les candidats s’intéressent donc uniquement, pendant la campagne électoral et le soir de l’élection, à ce qu’on appelle les « battleground states » (pour état « champs de bataille ») où le scrutin est annoncé serré (on utilise aussi la notion de « swing states », qui est un peu différente : elle désigne les états qui votent tantôt républicain, tantôt démocrate sur les dernières élections, alors qu’un « battleground state » peut être un état historiquement ancré dans un camp mais qu’un des deux camps estiment pouvoir remporter).

Les « battleground states » de l’élection 2020

La liste des « battleground states » est particulièrement longue cette année, avec pas moins de 14 états dont les résultats seront surveillés de près. Sur la base d’un certain nombre de caractéristiques communes, on peut répartir ces états en deux grands groupes : la région qu’on assimilera par abus de langage (puisqu’elle s’étend au final largement au-delà des états bordant ces grands lacs) à celle des « grands Lacs » (Wisconsin, Michigan, Pennsylvanie, Minnesota, Iowa, Ohio, auxquels il faut ajouter un district dans le Nebraska et un district dans le Maine) et la « Sun Belt » avec Caroline du Nord, Géorgie, Floride, Texas, Arizona, Nevada.

En bleu (couleur traditionnelle du parti démocrate), les états où la victoire de Joe Biden ne fait quasiment aucun doute – Hillary Clinton avait déjà remporté ces états en 2016.
En rouge (couleur du parti républicain), les états où Donald Trump est assuré de l’emporter à nouveau.
En jaune les « battlegrounds states ».

Notons pour commencer que parmi les « battleground states », seuls le Nevada et le Minnesota n’ont pas été remportés par Donald Trump en 2016, ce qui traduit à la fois le fait que Donald Trump est le Président sortant (autrement dit, il n’a pas besoin de gagner de nouveaux états s’il conserve ceux qu’il a gagné il y a 4 ans), mais aussi le fait que Donald Trump,distancé dans les sondages, est en position délicate, et qu’il a très peu d’espoirs d’élargir son spectre électoral.

Mais il est intéressant de préciser que la liste des « battlegrounds states » aurait été très différente début 2020 (on n’y aurait jamais trouvé la Géorgie, le Texas, le Nebraska, l’Ohio ou l’Iowa et on aurait sans doute rajouté le New Hampshire et la totalité du Maine). Il paraît utile dans ce contexte de faire un rapide retour sur l’impact des événements extraordinaires intervenus depuis 6 mois sur l’électorat américain et par conséquent sur les perspectives concernant le collège électoral.

Les événements de l’année 2020 ont façonné une carte inattendue

Les clés de lecture de l’élection présidentielle de 2020 étaient assez simples en début d’année : le Président Trump comptait mettre en avant son bilan économique pour d’une part, consolider sa performance auprès de l’électorat blanc peu diplômé et/ou des électeurs des banlieues résidentielles, et, d’autre part, neutraliser le risque d’une mobilisation contre lui des électeurs issus des minorités, rebutés par ses politiques et déclarations racistes (il envisageait même de conquérir une partie des électeurs « latinos » et afro-américains sur la base du chômage historiquement bas dans cette catégorie de la population).

Trump visait la conquête de nouveaux états dans la région des Grands Lacs, dans le prolongement de la conquête du trio Wisconsin – Michigan – Pennsylvanie qui lui avait donné la victoire en 2016 (tout en gardant dans son escarcelle ces trois états). Il pensait pouvoir peut-être aussi reconquérir le Nevada, qu’Hillary Clinton avait ravi au parti républicain en 2016, en s’appuyant sur de bonnes performances dans l’électorat « latino ».

Côté démocrate, on misait sur un rejet de la personnalité du Président pour récupérer certains électeurs blancs des classes moyennes ou pauvres ayant voté Trump en 2016 et pour mobiliser les minorités ethniques et les jeunes, dont l’abstentionnisme avait coûté cher en 2016.

On misait alors sur la désignation d’un candidat (ou d’une candidate) beaucoup plus attractif qu’Hillary Clinton en 2016, avec un choix délicat à faire entre des candidats progressistes (Bernie Sanders en tête) proposant un programme de réformes économiques et sociales ambitieuses (et même une « révolution » en matière d’assurance santé, de gratuité des études supérieures ou de lutte contre le changement climatique) pour séduire les jeunes et récupérer les électeurs en colère de 2016 déçus par Donald Trump, et des prétendants (dont Joe Biden) développant un discours beaucoup plus modéré et misant davantage sur le rejet de Trump pour attirer des électeurs au profil varié.

L’objectif démocrate était de récupérer tout ou partie du trio Wisconsin – Michigan – Pennsylvannie et, de conquérir si possible, en bénéficiant de l’appui des électeurs latinos et afro-américains, l’Arizona, la Caroline du Nord ou la Floride – un vrai swing state où le scrutin est historiquement très serré.

Mais la pandémie a tout changé, mettant en avant le déficit de « leadership », pour ne pas dire l’incompétence, de Donald Trump, tout en exacerbant a contrario les qualités d’empathie et le discours rassembleur, adapté à une période de crise, du nominé démocrate Joe Biden, lequel s’est avéré être un candidat parfaitement adapté à la situation et capable de mener une campagne sérieuse et cohérente. Dans le même temps, la grave crise économique faisant suite à la pandémie privait Donald Trump de son principal argument de campagne.

A cela se sont ajoutés les manifestations « Black Lives Matter » suite à la mort de George Floyd. Les démocrates ont trouvé un nouveau moyen de mobiliser l’électorat issu des minorités autour de la lutte contre les inégalités raciales. D’autant plus que d’une part, le Président Trump n’a cessé de jeter de l’huile sur le feu et que d’autre part, la pandémie et le chômage ont touché davantage, en proportion, les afro-américains et les latinos (qui sont surreprésentés dans les « travailleurs essentiels » et dans les personnes vulnérables) que le reste de la population américaine.

Dès lors, le Président a, si on en croit les sondages, vu une partie des électeurs qui l’avaient soutenu en 2016 le délaisser.

Cela concerne notamment les personnes âgées, segment dans lequel Donald Trump avait nettement devancé Hillary Clinton en 2016. Joe Biden serait cette fois légèrement en tête. Pour une partie de ces électeurs qui se savent les plus exposés en cas de contamination par le coronavirus, la gestion catastrophique de la pandémie, et surtout la minimisation par le Président, depuis 6 mois, de la gravité du coronavirus ne passent pas.

Ce que les observateurs appellent la « grey revolt » (la « révolte des cheveux ») s’accompagne d’une « suburban revolt », c’est-à-dire une « révolte des banlieues résidentielles ». En effet, les électeurs et surtout les électrices des banlieues résidentielles, qui se détourneraient du Président en raison, eux aussi, de son efficacité dans la gestion de la pandémie et de son manque d’empathie vis-à-vis du coût humain du coronavirus.

A cela s’ajoute l’impact économique du coronavirus sur ces électrices : face à une explosion du chômage et en raison de la fermeture des écoles obligeant l’un des parents à garder les enfants, les dernières statistiques du chômage ont montré que les femmes sont comme toujours les premières à avoir pâti de la crise économique qui a suivi la pandémie(800 000 femmes ont quitté le marché du travail au mois de septembre) – Joe Biden a d’ailleurs su se saisir de la question.

Enfin, Donald Trump, focalisé sur la question de l’ordre public, n’a pas su apporter des réponses concrètes à un certain nombre de préoccupations de ces électeurs, en matière d’accès à la santé notamment (mais aussi de lutte contre le changement climatique).

En 2018, lors des élections de mi-mandats, les électrices des banlieues résidentielles s’étaient déjà détourné des républicains et de Donald Trump et avaient permis au parti démocrate de récupérer la majorité à la Chambre des représentants. Cet électorat craignait de ne plus pouvoir être en mesure de payer les frais médicaux puisque le Président annonçait fièrement vouloir supprimer le dispositif d’assurance-santé créé pendant l’administration Obama (l’« Affordable Care Act » ou Obamacare) sans jamais parvenir à expliquer ce par quoi il comptait le remplacer.

La pandémie, tout comme la crise économique et les destructions d’emploi – ce sont les employeurs qui en majorité financent les dispositifs d’assurance santé aux Etats-Unis et plusieurs millions d’américains ont perdu depuis le début de la pandémie leur assurance santé2Les estimations sont difficiles à réaliser : de nombreux salariés ont été placés dans une situation qu’on pourrait comparer au « chômage technique » et gardent alors leur couverture. Mais si certains retrouvent leur emploi, d’autres sont licenciés au fur et à mesure que la crise économique persiste.. – a mis cette question de l’accès aux soins en première ligne du débat électoral et Joe Biden et les candidats démocrates au Congrès ont su tout au long de la campagne en faire le marqueur de leur programme et des différences idéologiques entre les deux camps.

Tous ces éléments font que l’avance confortable qu’avait obtenue Donald Trump en 2016 au sein de l’électorat blanc, notamment chez les électeurs blancs diplômés qui constituent normalement une solide base électorale du parti républicain, s’est nettement effritée, au niveau national : selon le dernier sondage réalisé par CNN, par exemple, Trump n’aurait plus qu’une légère avance dans l’électorat blanc qu’il avait remporté de 20 points en 2016). Cela semble également vrai dans les états clé de l’élection et notamment en Floride.

A cela s’ajoute le fait que les électeurs dit « indépendants » (i.e. ceux qui ne déclarent pas d’affiliation partisane au parti républicain ou au parti démocrate), qui s’étaient répartis à peu près également entre Trump et Clinton en 2016, semblent cette année nettement pencher en faveur de Joe Biden, sans doute pour les mêmes raisons que les seniors ou les électrices de banlieue : rejet du style et de la personnalité, préoccupation par rapport à la situation économique, qui est souvent le déterminant du vote de ces électeurs3En faisant un raccourci un peu grossier, on pourrait dire que si les questions sociétales sont primordiales pour un électeur, il saura souvent choisir son camp entre deux partis qui ont font largement de ces questions et des « valeurs » un marqueur idéologique différenciant et aura moins de chance de se déclarer « indépendant »..

Dans le même temps, la participation semble nettement en hausse par rapport à 2016,si on en croît l’analyse du nombre d’électeurs ayant déjà voté en utilisant les modalités de vote anticipé ou par correspondance : on trouve une part importante dans ces électeurs de nouveaux électeurs mais au d’abstentionnistes de 2016, ce qui peut vouloir dire que les jeunes, les afro-américains et les « latinos », qu’ils soient motivés par le rejet de Donald Trump ou par une certaine forme d’enthousiasme pour le programme proposé par Joe Biden en matière de lutte contre les inégalités raciales ou de lutte contre le changement climatique, pourraient significativement augmenter leur taux de participation par rapport notamment à 2016, ce qui devrait bénéficier au candidat démocrate.

Avec une évolution potentiellement importante, par rapport à ce qui était envisagé début 2020, des intentions de vote de segments démographiques aussi importants en volume que les personnes âgées ou les électrices de banlieue, et du taux de participation des jeunes et des minorités ethniques, on comprend pourquoi la liste des états disputés s’est élargie et a été significativement reconfigurée.

On comprend aussi pourquoi, quand on fait le compte des grands électeurs sur lesquels les candidats sont quasiment sûr de compter, on constate que Joe Biden a moins de chemin à faire pour atteindre le seuil magique des 270 que son adversaire.

Les démocrates peuvent-ils construire un « Blue Wall » dans la région des Grands Lacs ?

S’agissant de la région des Grands Lacs, les états sous les projecteurs sont évidemment le Wisconsin, le Michigan et la Pennsylvanie, gagnés en 2016 par Donald Trump par des marges très faibles (quelques dizaines de milliers de voix dans les trois cas) et à la surprise générale, puisque le Wisconsin et le Michigan étaient considérés depuis les années 90 comme des bastions du parti démocrate, la Pennsylvanie étant davantage un « swing state » typique.

On peut résumer à grands traits leurs caractéristiques démographies et politiques de ces anciens états industriels, dont certains font partie de la « rust belt »4Certains experts désignent ce groupe de « battleground states » avec le terme « Rust Belt » plutôt que Grand Lacs, sachant que ni l’un ni l’autre ne recoupe exactement la liste des états en question (ou « ceinture de la rouille » en référence à la désindustrialisation qui a touché violemment ces états depuis les années 80) : on y trouve à la fois des zones rurales conservatrices, des banlieues résidentielles, et des zones urbaines avec une forte proportion d’afro-américains (à Détroit dans le Michigan, Milwaukee dans le Wisconsin ou Philadelphie en Pennsylvanie) – on peut ajouter une minorité porto-ricaine significative en Pennsylvanie.

En 2016, Trump avait bénéficié dans ces trois états d’une campagne de terrain agressive (alors qu’Hillary Clinton ne s’était pas rendue dans ces états dans la dernière ligne droite) et d’une forte mobilisation des électeurs blancs peu diplômés « en colère » des zones rurales et péri-urbaines, séduit par son discours anti-système et anti-mondialisation, et qui s’étaient détournés de nouveau du parti démocrate qui captaient historiquement les voix des « cols bleus » des grands lacs. Ces même catégories démographiques avaient voté pour Ronald Reagan en 1980 et 1984 et ce pour à peu près les mêmes raisons : la « rage blanche » face à une situation économique ressentie comment en déclassement et l’effet de « l’humiliation » de la défaite au Vietnam).

Dans le même temps, Hillary Clinton avait pâti de l’abstention forte des électeurs afro-américains et des jeunes (dont une partie avait aussi voté pour les petits candidats).

Les bouleversements de l’année 2020 ont remis largement en cause cette dynamique : entre la hausse de la participation des minorités ethniques et les conséquences de la gestion désastreuse de la pandémie, la marge de quelques dizaines de milliers de voix qui avait permis à Donald Trump de l’emporter paraît bien mince et ces états pourraient bien re-basculer dans le giron démocrate et constituer à nouveau un bastion démocrate solide, que Joe Biden appelle le « blue wall ».

Le terme, qui fait référence à la couleur du parti démocrate, date de 2012 quand Barack Obama avait remporté ces états. Il évoque aussi dans la bouche de Joe Biden, qui l’a re-popularisé en fin de campagne, le terme de « firewall » – i.e. pare-feu, utilisé par Biden lors de la primaire démocrate pour qualifier le soutien inébranlable que lui avait apporté l’électorat afro-américain dans les états du Sud, qui lui avait permis de renverser les tendances initiales et de remporter l’investiture démocrate.

Ces états pourraient même entraîner à leur suite l’Ohio ou l’Iowa ou certains districts du Maine et du Nebraska, normalement bien ancrés dans le camp républicains, puisque les uns et les autres ont des caractéristiques démographiques assez proches du trio Wisconsin / Michigan / Pennsylvanie, surtout si la défection d’une partie significative des électeurs blancs qui avait voté Trump en 2016 se confirme.

La présence de l’Iowa et de l’Ohio dans la liste des « battleground states » pourrait surprendre dans la mesure où Trump avait gagné ces états avec respectivement 10 points et 8 points d’avance sur Hillary Clinton en 2016. Mais il n’avait obtenu qu’un peu moins de 52% des voix dans les deux cas : ce sont le 5% des suffrages obtenus par les petits candidats qui expliquent l’écart, davantage qu’un bon score de Trump.

En 2020, les petits candidats ne pèseront presque rien et on comprend mieux pourquoi la marge de Donald Trump est en réalité réduite dans ces états dont on a oublié un peu vite après les résultats de 2016 qu’ils étaient des traditionnels « swing states » (ainsi la dernière élection où l’Ohio n’a pas été remporté par le vainqueur de l’élection présidentiel est celle de 1960 et Obama les avait remporté les deux états en 2008 et en 2012).

Le camp Biden donne d’ailleurs l’impression de croire sérieusement en ses chances de victoire dans ces deux états (où les sondages font état d’un écart faible entre les candidats), puisque Joe Biden (qui comme son adversaire choisit soigneusement ses déplacements dans la dernière ligne) s’est rendu dans l’Iowa le 30 octobre et a annoncé le 1er novembre qu’il se rendrait le lendemain veille de la clôture du scrutin dans l’Ohio.

A contrario, on voit mal Donald Trump faire mieux qu’en 2016 dans le Minnesota (que les républicains n’ont plus gagné depuis Richard Nixon en 1972) et surtout le New Hampshire (qui n’est même plus dans la liste des états disputés), deux états sur lesquels il portait de gros espoirs et où la victoire semble désormais hors de portée : on ne voit pas sur quels segments électoraux le Président pourrait compter pour y faire un meilleur résultat qu’en 2016.

La « Sun Belt » et l’effet d’une évolution démographique rapide

Depuis longtemps, les démocrates caressent l’espoir de profiter de l’augmentation de la part des afro-américains et « latinos » dans le corps électoral pour progresser dans certains états du Sud. En effet, traditionnellement le candidat démocrate remporte autour de 90% des voix afro-américaines et de 65% à 70% des voix « latinos ».

2020 pourrait bien marquer la traduction massive et concrète sur le collège électoral de ce phénomène, qui a déjà conduit dans les précédentes élections à resserrer peu à peu l’écart entre démocrates et républicains. En 2018, une candidate démocrate afro-américaine ultra-charismatique, Stacey Abrams, avait bien failli devenir gouverneure de Géorgie5Elle y serait parvenue sans des manipulations grossières des listes électorales par les autorités locales dirigées par des élus républicains. et Beto O’Rourke, lui aussi figure montante du parti démocrate, avait failli ravir un siège de sénateur au parti républicain au Texas.

Cette année, l’aura de Joe Biden auprès des afro-américains, le sentiment anti-Trump très présent chez les jeunes issus des minorités qui sont en situation de voter pour la première fois, les campagnes hyper-actives menées tous azimuts pour appeler au vote, peuvent renforcer le taux de participation des minorités, traditionnellement plus faible que celui des électeurs blancs, et de ce fait augmenter significativement la poids de ces électeurs dans les votes décomptés.

Initialement, les démocrates espéraient bénéficier ce facteur démographique dans trois états, dans lesquels ils pouvaient compter sur d’autres avantages.

En premier lieu, l’Arizona où les candidats démocrates (Joe Biden mais aussi un candidat démocrate modéré très bien placé selon les sondages pour gagner le siège au Sénat mis en jeu) peuvent, en plus de l’effet « latino », bénéficier de l’arrivée, depuis quelques années, de nombreux retraités de la côte Est mais aussi de jeunes actifs quittant la Californie en raison d’un coût de la vie trop élevé, autant d’électeurs qui votent plutôt démocrates. La conjugaison de ces différentes évolutions démographiques (la population aurait augmenté de près de 15% depuis 2010) est ainsi susceptible de changer significativement la coloration politique du corps électoral.

Ensuite la Caroline du Nord, où la part des afro-américains et des latinos augmente simultanément, tandis que dans le même temps, les quelques villes universitaires se développent, avec le cortège d’électeurs diplômés et démocrates qui va avec (le même phénomène qui a conduit la Virginie, état considéré comme « sudiste » situé juste au Nord de la Caroline du Nord, à basculer durablement dans le camp démocrate en 2008). C’est aussi pour cela que le parti démocrate fonde de gros espoir sur son candidat démocrate pour ravir un siège républicain au Sénat.

Enfin, la Floride, « swing state » par excellence où les scrutins sont toujours serrés et où les sondeurs peinent à établir des échantillons représentatifs dans la population (en particulier « latino »), et où la stratégie électorale et les moyens mobilisés par les candidats sont déterminants (on dit en général qu’il y a 10 « marchés médiatiques » différents – la campagne dans les médias et dans la presse est donc très coûteuse et doit être soigneusement calibrée).

Cette fois, c’est au moins autant la défection des personnes âgées (qui représentent 20% de la population en Floride contre 16% en moyenne aux Etats-Unis) que le soutien d’une partie de l’électorat « latino » (les descendants d’exilés cubains et vénézuéliens n’étant pas prêt à voter pour un candidat qui a servi aux côtés de Barack Obama, le « traître » qui a renoué des relations avec le régime castriste) qui pourrait faire basculer cet état dans le camp démocrate.

Les derniers sondages ont finalement rajouté à la liste la Géorgie (dont les caractéristiques démographiques sont très proches de la Floride voisine et de la Caroline du Nord, avec, au-delà de la population afro-américaine, une population « latino » non négligeable, des villes progressives comme Atlanta) et le Texas où la mobilisation des électeurs des minorités et des banlieues résidentielles semble très importante.

L’irruption, depuis quelques semaines seulement, du Texas dans les « battleground states » a été un événement majeur, parce que cela fait des années que les démocrates mise sur l’évolution de la démographie pour l’emporter dans cet état où le candidat démocrate n’est plus arrivé en tête depuis Jimmy Carter en 1976. Cette année serait-elle enfin la bonne ? Avec 38 grands électeurs (seule la Californie en désigne plus, avec 55 grands électeurs), le Texas pèse énormément sur le collège électoral : il désigne deux grands électeurs de plus que le Michigan et la Pennsylvanie et seulement trois de moins que l’Arizona, la Géorgie et la Caroline du Nord réunis.

Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’il s’est sans doute produit un phénomène « auto-réalisateur » lorsqu’il a été annoncé par plusieurs sondages que la Géorgie et le Texas pourraient bien être plus disputés que prévus. Dans de nombreux états où le résultat est joué d’avance (comme en Californie ou dans l’état de New York), les électeurs savent que leur vote ne « compte » pas6Cela devrait d’ailleurs conduire à une certaine méfiance quant aux interprétations du vote populaire, alors que l’abstention atteint parfois 50%. La participation serait sans doute plus élevée dans les états « joués d’avance » si le mode de scrutin était proportionnel. Mais dès lors qu’ils peuvent avoir le sentiment que leur vote va compter, il y a comme un effet d’entraînement qui augmente l’enthousiasme et la participation ces électeurs. C’est bien ce qui semble à l’œuvre au Texas et en Géorgie actuellement (comme lors des élections de 2018 évoquées précédemment). Pour autant, il est loin d’être acquis que Biden puisse les remporter et combler le fossé qui avait encore séparé les candidats démocrates de la victoire en 2018.

Quant au Nevada (l’état où se situe Las Vegas), qu’Hillary Clinton avait gagné en 2016, il représente une inconnue. On voit mal ce qui pourrait expliquer que Donald Trump y réalise une meilleure performance qu’il y a 4 ans. Mais les instituts de sondage considèrent que c’est un état difficile à sonder, toujours en raison de la présence importante d’électeurs « latinos », mais aussi en raison d’évolutions démographiques difficiles à cerner (c’est à la fois devenu la grande banlieue de la Californie, ce qui aurait tendance à faire pencher l’état du côté démocrate, mais aussi un état où la religion pèse lourd, tout en ayant des enclaves libertariennes, etc.).

Le Président et son entourage semble croire sérieusement à une victoire dans le Nevada (avec peut-être l’espoir aussi de produire le phénomène d’entraînement évoqué à l’instant pour le Texas et la Géorgie) qui, bien qu’il ne représente que 6 grands électeurs, pourrait peut-être compter en cas de résultat très serré. Par ailleurs Kamala Harris s’est rendue en fin de campagne sur place (alors que le camp Biden a fait très peu de déplacement « défensifs » visant à protéger les états gagnés en 2016 par Hillary Clinton) ce qui montre que les démocrates ne considèrent pas que leur victoire y est acquise.

Le résultat du Nevada sera donc scruté avec attention, notamment parce qu’un bon résultat du Président Trump pourrait être le reflet d’une bonne performance dans l’électorat « latino », ce qui pourrait être mauvais signe pour les espoirs démocrates dans la Sun Belt.

Les sondages dans les « battlegrounds states » font nettement de Joe Biden un favori

Les sondages (ou plutôt les compilations de sondage réalisées par divers spécialistes reconnus (le New York Times, les sites Real Clear Politics ou FiveThirtyEight, sur la base desquels tous les médias réalisent une carte électorale avec des tendances) mettent Joe Biden en tête dans presque tous les « battleground states ».

Moyenne des sondages par état du site de référence FiveThirtyEight – Nota bene : ce site ne fait pas une moyenne arithmétique simple mais pondère en fonction de la qualité des instituts de sondage (FiveThiry Eight réalise en effet une notation des instituts de sondage en fonction de leur méthodologie, leur degré de transparence sur leur méthode et leur biais partisan affiché ou avéré).

­Joe Biden est donc très largement en tête dans le Minnesota, le Michigan ou le Wisconsin, où il devancerait son concurrent d’environ 8 points. Il est aussi encore devant son concurrent, et juste au-dessus de la marge d’erreur, si on peut dire, en Pennsylvanie, dans le Nevada, dans le Nebaraska.

En Arizona, dans le Maine, en Caroline du Nord, en Géorgie et en Floride, il est aussi donné gagnant mais avec un écart inférieur à 3 points, c’est-à-dire le situant dans la marge d’erreur classique des sondages. Enfin, il est au coude à coude avec le Président dans l’Iowa, et légèrement distancé par Donald Trump, mais avec un écart inférieur à 3 points dans l’Ohio ou au Texas.

On le voit, les écarts sont globalement très stables depuis plusieurs semaines ce qui est évidemment plutôt rassurant pour Joe Biden. S’il perd quelques dixièmes de points dans les états dans lesquels il est le plus en avance (dans la région des Grands Lacs), il en gagne au contraire dans les états de la Sun Belt où il semble de plus en plus en mesure de l’emporter.

Tout le monde prête une grande attention à la Pennsylvanie, compte tenu de l’importance de cet état qui pourrait être pour les deux candidats le « tipping point state » (ou « état bascule »), c’est-à-dire le premier état qui permet au vainqueur final d’atteindre le seuil de 270 grands électeurs lorsqu’on classe les états qu’il a gagnés par ordre de marge de victoire décroissante.

Mais la question qui se pose depuis plusieurs jours est la suivante : le léger resserrement qu’on peut déceler est-il le signe avant-coureur qu’on pourrait revivre la surprise de 2016, lorsque la dynamique en faveur de Trump dans la dernière ligne droite lui avait permis de coiffer sur le poteau son adversaire ?

On a déjà longuement expliqué il y a un mois pourquoi les sondages de 2020 semblent plus fiables que ceux de 2016.

D’abord parce que les sondeurs ont corrigé des erreurs identifiées a posteriori (nécessité de séparer l’électorat blanc entre électeurs diplômés et peu diplômés pour bien tenir compte du très bon score de Trump dans la deuxième catégorie).

Ensuite parce qu’il y a, à l’approche du 3 novembre, deux fois moins d’électeurs « indécis » en 2020 qu’il n’y en avait en 2016 (ils avaient nettement penché dans le camp Trump au dernier moment en 2016). Ils seraient seulement 10% si on inclut les électeurs « volatiles » qui déclarent aux sondeurs pouvoir encore changer d’avis. Ce qui veut dire que Donald Trump, pour compenser un écart de 5 points, doit au final obtenir au moins 75% des voix de ces électeurs.

Enfin, Donald Trump affrontait en 2016 une candidate impopulaire alors qu’il a en face de lui cette année un Joe Biden qui bénéficie d’une image positive dans l’opinion publique : Biden recueille davantage d’opinions favorables que d’opinions défavorables, et l’écart entre opinions favorables et défavorables s’est accentué en sa faveur dans les dernière semaines de campagne, tandis que Donald Trump restait désespérément embourbé dans son taux d’impopularité qui dépasse les 50%.

Or le taux de satisfaction (ou « job approval ») ou le taux d’opinion favorable7La question posée n’est pas la même, même si on suppose que les réponses sont fortement corrélées : dans le premier cas on demande l’opinion sur l’action du Président, dans le deuxième un avis sur le Président lui-même. sont considérés comme de bons prédictifs de la part des votes que peut obtenir un Président sortant. C’est inquiétant pour Donald Trump qui stagne sous les 45% de taux de satisfaction selon les moyennes de Real Clear Politics. S’il a parfois une popularité légèrement plus élevée dans certains « battleground states », elle n’atteint jamais 50%. Il paraît donc compliqué pour lui de s’affranchir de ce boulet, surtout face à un adversaire plutôt populaire (et on voit mal comment sa posture dans la dernière ligne droite pourrait changer l’opinion des électeurs).

Ecart entre le taux de satisfaction d’un Présidnet sortant et le résultat de l’élection, compilé dans un article de l’excellent site Cook Political Report.

Par ailleurs, même si les sondages se trompaient encore, il faudrait qu’ils se trompent encore plus qu’en 2016 pour compenser le retard actuel de Trump, comme l’illustre la carte électorale établie par le site FiveThirtyEight ou un schéma très parlant mis à jour régulièrement par le New York Times.

Présentation simplifiée par le New York Times de la course au 270 grands électeurs en date du 1er novembre.

Il faut aussi garder en tête que les erreurs dans les sondages peuvent jouer dans les deux sens : c’est ainsi qu’un des analystes de sondages les plus reconnus a établi qu’autant dans les états « des grands lacs » les sondages avaient plutôt, sur les élections récentes, sous-estimé les scores des candidats républicains (2016 en étant un exemple extrême), autant ils avaient au contraire tendance à sous-estimer les performances des démocrates dans certains états de la Sun Belt comme l’Arizona, le Nevada ou le Texas.

Tout ceci rend les observateurs plutôt confiants sur la solidité des sondages actuels. Ils ne voient pas non les signes avant-coureurs qui avaient largement échappé aux médias dans la dernière ligne droite en 2016, lorsque des sondages locaux dans des comtés ruraux et ouvriers, en Pennsylvanie par exemple, montraient une percée importante de Donald Trump. Au contraire, les informations apportées par ces sondages locaux dans des comtés stratégiques allaient récemment dans le sens d’une victoire de Joe Biden.

Mais si certains experts en sondages s’aventurent toujours à établir « scientifiquement » des « pourcentages de chance de victoire » (et ils donnent à Donald Trump autour de 10% de chance de l’emporter, soit significativement moins qu’il y a 4 ans), tous restent très prudents, échaudés par le précédent 2016, et surtout parce que par définition, ce n’est qu’a posteriori qu’on comprend les erreurs de composition des échantillons, l’impact des phénomènes de dernière minute, etc.

Des incertitudes qui ne pourront être levées que par les résultats de l’élection

Les spécialistes ont identifié un certain nombre de facteurs d’éléments qui pourraient en fin de course détromper les sondages dans un sens ou dans l’autre. Essayons de les lister dans la mesure où ils peuvent avoir un impact sur les « battleground states » et permettent de mieux appréhender les différents scénarios possibles en matière de carte électorale.

Un premier élément pourrait jouer en faveur de Donald Trump : il est possible qu’au tout dernier moment, un certain nombre d’électeurs républicains se déclarant prêts à voter Joe Biden « reviennent à la maison » (pour reprendre l’expression américaine).

Parce que leur fidélité au parti l’emporterait au final sur le dégoût ou la colère que leur inspire le Président ; parce que le rejet du programme économique et social du candidat démocrate l’emporterait sur le jugement sévère qu’ils portent à la gestion de la pandémie par le Président ; parce que comme l’espère manifestement le Président, les américains parce que certains électeurs détermineront leur vote en fonction de leur situation personnelle (et une majorité d’américains considèrent que leur situation personnelle s’est amélioré depuis 4 ans) et non pas en fonction de leur appréciation de l’état global du pays (car environ 60% des américains considèrent au contraire que le pays va dans la mauvaise direction).

Il est chaque jour plus difficile d’envisager que ce phénomène de retour au bercail, qui est classique mais n’est toujours pas apparu dans les sondages nationaux, puisse survenir et avoir un effet important, surtout si on tient compte du fait que plus de la moitié des électeurs ont déjà voté. D’autant que le Président n’a rien fait, au contraire, pour infléchir le cours de sa campagne et susciter ce type de réaction au cours du sprint final .

On voit ainsi mal comment les seniors pourraient se réconcilier avec un Président qui continue ces jours-ci à dire que la presse exagère la gravité de la pandémie et que de toute façon, 99,9% des malades guérissent (ce chiffre ne valant que pour les malades jeunes…) , alors même qu’une troisième vague est là et bien là. Et on doute que la campagne de spots diffusés par le parti républicain dans un certain nombre de « battleground states » pour éveiller la méfiance des seniors sur les réformes de l’assurance santé portée par Biden portent leurs fruits.

Il est en de même pour les électrices des banlieues résidentielles même si le Président continue à essayer de les courtiser maladroitement, avec une vision rétrograde de cet électorat (Trump explique par exemple qu’il « rouvrir » l’économie pour que leurs époux puissent aller travailler) ou en mettant par exemple en avant son respect de la « famille »8Sauf celle de Joe Biden, dont il attaque le fils, le frère, etc. – on a ainsi vu apparaître d’un coup la première dame Melania Trump dans les meetings, comme si cela suffisait à faire changer d’avis les électrices.

Les républicains misaient aussi sur la nomination à la Cour Suprême de la juge ultra-conservatrice Amy Coney Barrett , validée le 26 octobre, pour consolider le soutien de l’électorat traditionnel républicain. Ils en ont profité, sans doute aussi pour séduire les électrices des banlieues résidentielles, pour insister sur le sens de la famille de la nouvelle juge, qui siégera en ayant huit enfants à charge ; on doute que cela puisse compenser dans l’esprit des électrices le fait qu’ACB, comme on l’appelle désormais, se soit prononcée dans le passé contre l’Obamacare et soit une militante anti-avortement fervente.

Là encore, on peut douter que cette nomination puisse avoir un impact important dans les « battleground states ». Passé les débats initiaux sur le caractère « exceptionnel » (pour utiliser un terme le plus neutre possible) de la nomination à vie d’une juge par le Président à quelques jours d’un scrutin où sa réélection est plus qu’incertaine, la procédure de nomination et la finalisation de la nomination, bien que mise en scène par l’équipe du Président avec une pseudo-cérémonie de prestation de serment organisée à la Maison Blanche9Pour une juge censée être indépendante, ce n’est pas un très bon signe. Le président de la Cour Suprême n’était d’ailleurs pas présent et a présidé la prestation de serment formelle le lendemain dans les locaux de la Cour Suprême. sont finalement passées presque inaperçues dans la fin de campagne, largement reléguées au second plan médiatique par les frasques du Président et par la troisième vague de coronavirus.

Cet épisode n’aura sans doute fait que renforcer les convictions des militants progressistes comme des conservateurs. Et si effet il y a, l’auteur prendra même le risque de considérer que c’est en réalité un facteur d’effritement du vote conservateur pour Donald Trump : les électeurs chrétiens fondamentalistes qui avaient voté en se bouchant le nez pour Donald Trump en 2016 parce qu’il promettait de nommer des juges conservateurs dès qu’il le pourrait, vont-ils, maintenant qu’une solide majorité conservatrice est installée à la Cour Suprême, à nouveau se déplacer pour élire un personnage dont le comportement et la moralité s’éloignent de plus en plus des préconisations des écritures  ?

Pendant ce temps, Joe Biden a lui cherché à rassurer les électeurs républicains et modérés prêts à voter pour lui, en continuant plus que jamais à porter un message rassembleur, unificateur et « accueillant ». Il a aussi continué à recevoir le soutien de personnalités républicaines, qui donnent en quelque sorte la « permission » à leurs électeurs de ne pas voter pour leur parti de coeur. Et quand il s’agit de Cindy Mc Cain, veuve de John Mc Cain, ancien sénateur de l’Arizona et candidat à la présidence en 2008 très populaire, cela peut compter dans l’Arizona10Biden a d’ailleurs aussi reçu le soutien d’un ancien ministre de la justice républicain de l’Arizona ou il y a quelques jours d’un ancien gouverneur républicain du Michigan..

Le deuxième élément d’incertitude qui pourrait en fin de course bénéficier à Donald Trump, est une percée dans l’électorat issu des minorités ethniques. Les experts électoraux ont constaté en analysant les dernières élections une forme de resserrement entre les deux partis s’agissant des intentions de vote par « ethnicité ». La position forte des républicains au sein de l’électorat blanc s’effrite tandis que l’électorat afro-américain et « latino » voterait de plus en plus républicain.

Si les sondages continuent à traduire plutôt un effet cumulé défavorable pour le Président Trump, son équipe de campagne estime que les résultats peuvent les contredire pour plusieurs raisons.

Le camp Trump mise en premier lieu sur une percée dans l’électorat « latino », qu’il a tenté de courtiser depuis 4 ans. Les instituts de sondage sont très prudents quant à cet électorat très varié et difficile à modéliser, et dont le taux de participation est une grande inconnue.

Il n’est donc pas absurde, du côté du camp Trump, d’espérer réaliser une percée, non détectée dans les enquêtes d’opinion, dans ce segment électoral, notamment s’agissant des jeunes hommes latinos qui apprécient deux « qualités » que Trump sait particulièrement bien mettre en avant : son passé de « businessman » et son côté macho. Et si c’est bien le cas, cela pourrait renforcer les chances de Trump dans le Nevada, en Floride ou dans l’Arizona.

Donald Trump se targue aussi d’avoir fait des progrès dans l’électorat afro-américain, là encore en séduisant certains jeunes hommes afro-américain soucieux de réussir économiquement, lassés d’être perçus comme des victimes ou des assistés, et finalement indifférents au mouvement « Black Lives Matter » (par individualisme ou par désillusion quant aux promesses démocrates de lutte contre les injustices). Et le Président prend en exemple – on se raccroche à ce qu’on trouve – le soutien des rappeurs 50 cent, Ice Cube ou Kanye West.

Les sondages ont effet décelé que le Président progressait légèrement dans l’électorat afro-américain. Mais même s’il parvient à dépasser franchement le seuil de 10% des voix des afro-américains, cela pourrait être largement compensé, en terme de voix, par une augmentation de la participation.

Or la participation de l’électorat afro-américain est bien partie pour battre des records et, malgré le soutien des rappeurs, on se permet de douter du fait des électeurs afro-américains aient fait des heures d’attente pour voter en Géorgie ou dans les quartiers afro-américains de Milwaukee dans le Wisconsin pour déposer un bulletin Trump dans l’urne.

Pourtant, la participation est le principal sujet d’espoir selon le camp Trump. Depuis le début11On en parlait par exemple ici., l’équipe de campagne du Président mise sur une participation en hausse et massive des hommes blancs peu diplômés qui l’ont porté au pouvoir en 2016. Il pense en effet pouvoir amener dans les urnes des abstentionnistes de 2016, grâce à une campagne de terrain active depuis des mois, grâce au bilan du Président et enfin grâce à une campagne ciblée essentiellement sur cette sa base électorale.

Dans le même temps, il continue à miser sur la théorie de l’« écart d’enthousiasme » qui voudrait que les électeurs de Trump votent par adhésion au candidat, tandis que les électeurs de Biden votent avant tout contre le Président et donc par défaut. Non seulement, cette assertion est apparue de moins en moins vraie au fil de la campagne, Biden ayant réussi à progresser petit à petit en matière d’enthousiasme, mais elle minimise surtout le rejet très fort qu’inspire le Président à de nombreux américains, qui pourrait s’avérer un moteur tout aussi puissant que l’adhésion.

Le camp Trump voit un signe positif dans les inscriptions sur les listes électorales enregistrées en Floride ou en Pennsylvanie où le nombre de nouveaux inscrits se déclarant républicains dépassent nettement celui de ceux se déclaration démocrates.

Cela étant, ce seul élément est insuffisant pour accréditer l’hypothèse selon laquelle une participation très importante du cœur de cible des messages électoraux du Président lui permettrait de l’emporter.

D’abord parce que de nombreux nouveaux inscrits se déclarent « sans affiliation partisane » (ce sont ceux qu’on appelle les « indépendants ») et tous les sondages montrent que Biden l’emporterait nettement chez les indépendants – on voit bien par exemple les électeurs dont le vote ne vise qu’à dégager Trump s’inscrire comme indépendants plutôt que comme démocrate. Il faut donc comparer « nouveaux inscrits républicains + un tiers des indépendants » et « nouveaux inscrits démocrates + deux tiers des indépendants » et l’avantage s’estompe alors nettement12En toute rigueur on devrait aussi ajouter que l’électorat affilié au parti républicain est plus vieux que l’électorat démocrate : les nouveaux inscrits doivent aussi compenser les décès et ce qu’on pourrait qualifier de « surmortalité » républicaine..

Ensuite parce que la forte participation de ces fameux hommes blancs « non diplômés » qui ont fait gagner Trump en 2016 et le vote de ces nouveaux inscrits (si tant est qu’ils votent tous Trump, puisque les sondages montrent que Biden bénéficie à ce stade de voix de républicains « anti-Trump ») doivent compenser simultanément la hausse de la participation très probable tant au sein de la base démocrate (jeunes, progressistes qui n’avaient pas voulu voter Clinton en 2016) que du côté des électeurs issus des minorités ethniques et les défections dans l’électorat blanc.

Cela fait quand même beaucoup pour un segment démographique certes important mais dont la part qu’il représente dans le corps électoral a par ailleurs baissé, par un effet démographique mécanique, depuis 2016.

C’est d’ailleurs pour cela que plusieurs spécialistes estiment que Biden a réussi sa campagneen étant capable de tirer les meilleur parti des circonstances  : il a semble-t-il à la fois réussi à mobiliser son camp (en ralliant les progressistes par un programme suffisamment ambitieux) et à persuader des électeurs du camp adverse (en stigmatisant l’incompétence du Président révélée par sa gestion de la pandémie, en appelant à l’unité nationale et en se gardant d’adopter des positions trop radicale sur certains sujets comme l’ordre public).

Or, quand Biden récupère un électeur de Trump en 2016, il crée un écart de deux voix – alors que quand il attire un nouvel électeur dans les urnes, il ne crée un écart que d’une voix. C’est pour cela que les experts indiquent que, malgré l’extrême polarisation idéologique du pays, l’élection pourrait bien se jouer sur la « persuasion » et non sur la « participation » – nonobstant le phénomène possible de « retour au bercail ».

Mais tout ceci n’est pas si simple et il faut aussi tenir compte du facteur géographique : il semblerait en effet que les défections dans l’électorat blanc, et notamment le recul enregistré par Donald Trump y compris dans la catégorie des hommes blancs peu diplômés, soient plus importantes dans les états de la « rust belt » que dans les états du Sud et donc peut-être dans les « battlegrounds » de la Sun Belt (à l’exception sans doute de la Floride compte tenu du poids de seniors blancs dans le corps électoral).

Une explication pourrait être le fait que les électeurs blancs sudistes attachent sans doute davantage d’importance aux questions « sociétales », sur lesquelles Donald Trump a sans conteste rempli son contrat, avec la nomination de trois juges conservateurs à la Cour Suprême, des prises de position férocement « pro-gun », anti-avortement ou en faveur de la liberté religieuse, etc.

Tandis que dans les états industriels et ouvriers du Nord, la question était d’abord économique : si les indicateurs nationaux macro-économiques pré-pandémie étaient positifs, ils cachaient une disparité géographique et démographique forte. Par exemple, contrairement à ses promesses et à ce qu’il affirme régulièrement, Donald Trump n’a pas réindustrialisé le Michigan et relancé l’industrie automobile, et la campagne de Joe Biden ne manque pas de remuer le couteau dans la plaie.

Cela ne fait que renforcer les incertitudes : Donald Trump est sans doute plus solide dans l’électorat blanc dans la Sun Belt mais c’est là que le poids des minorités et le facteur démographique lui est le plus défavorable. Inversement, il est sans doute moins solide sur ces bases dans les grands Lacs mais le poids des minorités y est bien moindre. Tout reposera donc en effet, pour que Trump remporte son pari, sur la participation, qui reste la grande inconnue de l’élection et donc le principal élément qui pourrait contredire les sondages actuels.

Pour renforcer la mobilisation de sa base électorale et donc la participation en sa faveur, Donald Trump compte sur le « monentum » et la dynamique créée par les nombreux meetings organisés dans les états les plus disputés pendant le sprint final (4 meetings en Pennsylvanie le 31 octobre, 5 meetings dans 5 états différents le 1er novembre, etc.). Mais Biden n’est pas en reste de ce point de vue avec lui aussi plusieurs meetings – avec strict respect des mesures de distanciation sociale – quotidiens (il ne manque pas de le rappeler en retournant contre le Président les moqueries de ce dernier sur le fait que le candidat démocrate aurait passé la campagne dans son sous-sol) et il s’appuie par exemple sur la popularité de Barack Obama (et sur leur complémentarité).

Surtout, certains sondages (toujours…) montrent qu’un très nette majorité d’américains considèrent que le Président ne devrait pas organiser des meetings sans un minimum de respect des préconisations des autorités sanitaires en matière de port du masque, de distanciation sociale, etc. Entre galvanisation de sa base dans des meetings et indignation du reste de l’électorat quant à la désinvolture du Président vis-à-vis du risque d’infection (il se plaint de devoir réduire la jauge de ses meetings et accuse par exemple le gouverneur du Wisconsin de vouloir lui nuire en imposant des restrictions), il n’est pas certain que le Président soit gagnant.

Le regain d’infections est d’ailleurs un facteur qui pourrait bien influer concrètement, et pas seulement psychologiquement, sur le résultat final dans certains « battleground states », parce qu’il peut avoir un impact sur la participation : alors que les infections explosent, certains électeurs pourraient bien renoncer à se déplacer pour aller voter par peur d’être contaminés. Or, les états des Grands Lacs (et notamment le Wisconsin) figurent parmi ceux qui connaissent actuellement une forte hausse du nombre de cas positifs.

Or, si les démocrates ont encouragé depuis longtemps les électeurs à voter tôt, par correspondance ou physiquement dans les états qui commencent à ouvrir des bureaux de vote dans les semaines précédents l’élection, Donald Trump a au contraire quotidiennement dénoncé – sans preuve avérée – les risques de fraude lié au vote par correspondance et encouragé ses électeurs à aller voter physiquement. Ses partisans semblent avoir été convaincus de ne pas avoir recours au vote par correspondance et une moindre participation à cause du virus dans les derniers jours de scrutin et notamment le jour de l’élection pourrait bien désavantager le Président. Donald Trump pourrait donc bien être puni par là où il a pêché.

A ce propos, considérant que cette chronique vise à décrire ce qui pourrait influencer les « vrais » résultats, on n’évoquera pas « l’impact » des scandaleuses manœuvres déployées par Trump et le parti républicain pour essayer de priver du droit de vote certains électeurs ou écarter certains bulletins lors des décomptes. Car l’auteur ne veut pas considérer ces manoeuvres comme une stratégie électorale : elles ne visent pas à influencer les intentions de vote des électeurs mais bien à s’exonérer du résultat final du vote.

En revanche, il n’est pas exclu que cette tentative de « suppression » de certains électeurs, souvent ciblées sur les électeurs afro-américains ou « latinos » (qui font aussi l’objet de campagne massive de désinformation), largement dénoncée par les organisations de défense des droits civiques mais aussi par les médias en général, entraîne un retour de bâton et motive finalement de nombreux électeurs.

C’est un phénomène difficile à mesurer mais qui pourrait jouer en faveur de Biden. De même, dans une élection présentée comme « la plus importante de l’histoire » par les candidats bien sûr13On voit mal un candidat expliquer que l’élection à laquelle il se présente est la 5ième plus importante de l’histoire. mais aussi par les médias, on pourrait bien assister à la fois à un surcroît de participation pour justement « faire l’histoire ».

Cela peut se traduire par un dynamique en faveur de Joe Biden (on se rallierait au vainqueur attendu dans les derniers instants avoir l’impression d’avoir été du bon côté), qui pourrait précipiter le basculement dans le camp démocrate de la Géorgie (que les démocrates n’ont plus gagné depuis 190 – sauf en 1992 où Clinton l’avait emporté de justesse en bénéficiant de la présence d’un troisième candidat) ou du Texas. Mais on peut aussi imaginer une volonté de « résistance » (pour utiliser une terminologie qui plairait aux médias américains d’ultra-droite) de l’électorat conservateur, par exemple dans les états sudistes.

Beaucoup d’analystes essayent d’interpréter les données relatives au vote par correspondance et au vote anticipé pour y déceler des signes en faveur des uns et des autres. Mais au-delà d’y voir une confirmation de la forte participation, il paraît bien imprudent d’en tirer des conclusions sur le résultat final : tout au mieux, on pourra peut-être utiliser ces données a posteriori pour mieux comprendre la dynamique de l’élection.

Il faut enfin évoquer un certain nombre de paramètres géographiques et/ou conjoncturels qui pourraient avoir un impact certain sur le vote dans un certain nombre de « battleground states » dans un sens ou dans l’autre.

On a déjà évoqué dans une chronique récente l’influence que peut avoir le scrutin présidentiel sur une élection sénatoriale serrée. Mais l’inverse peut jouer et on estime par exemple la qualité du candidat démocrate modéré Mark Kelly dans l’Arizona, largement en tête dans les sondages14Son adversaire, qui avait récemment piteusement rechigné à soutenir le Président, a été malmenée par le président Trump lors de sa dernière visite sur place., pourrait aider Joe Biden, autant que l’inverse. De même, le bon score, très inattendu, de Biden dans l’Iowa trouve peut-être son explication dans la qualité de la campagne menée par la candidate démocrate Theresa Greenfield au Sénat, qui a manifestement su plaider sa cause auprès des électeurs d’un état très rural et agricole15Avec un moment mémorable où elle affiche sa connaissance des sujets agricoles, contrairement à sa concurrente qui siège pourtant à la commission agricole du Sénat..

Le plus évident concerne les engagements ambitieux en matière de transition énergétique annoncés par Joe Biden lors du dernier débat présidentiel. Donald Trump déclare depuis que Joe Biden souhaite « abolir » le secteur des industries pétrolières et gazières. Il a même, le 31 octobre, adopté un « memorandum présidentiel » visant à protéger la fracturation hydraulique. Ce document de pur affichage n’a aucun effet juridique (il se limiter à demander aux administrations concernées des rapports et de la vigilance sur le sujet) mais il permet au Président de réaffirmer son soutien à ce secteur économique.

Le Président estime sans doute pouvoir gagner (ou regagner) des électeurs sur ce sujet en Pennsylvanie, au Texas ou dans l’Ohio, trois états « pétroliers », mais où le secteur des énergies renouvelables se développe.

Côté Biden, on maintient évidemment sa position et on réaffirme l’importance du changement climatique, en ciblant un autre état, l’Arizona, confronté à la désertification, mais qui peut aussi miser sur l’énergie solaire. C’est ainsi qu’à deux jours de l’élection le camp Biden a publié une vidéo mettant en scène un projet de panneaux solaires à l’initiative d’une communauté d’indiens navajos – qui permet au passage de montrer l’intérêt du candidat démocrate pour les « natives americans »16Alors que le Président Trump continue à utiliser le terme de « tribus »..

L’assassinat le 26 octobre d’un jeune afro-américain souffrant de troubles psychiques par des policiers à Philadelphie en Pennsylvanie pourrait aussi influer en dernière minute sur le scrutin en Pennsylvanie (et aussi ailleurs, par exemple dans le Wisconsin, où les incidents de Kenosha avaient marqué le début du mois de septembre). Sans qu’on sache si cela peut accentuer la mobilisation des électeurs afro-américains ou celle d’électeurs craignant les manifestations et le désordre, puisque des pillages ont eu lieu dans les jours qui ont suivi, obligeant le gouverneur à mobiliser la garde nationale. On notera qu’assez étonnamment, le Président n’en a apparemment pas profité pour remettre sur la table son slogan « law and order ».

Enfin, puisque décidément tout tourne autour de la Pennsylvanie dans cette élection, il ne faut pas négliger le fait que Joe Biden est né en Pennsylvanie, avant de passer son adolescence et de s’installer définitivement dans l’état voisin du Delaware . S’il était sénateur du Delaware, Biden toujours été considéré comme le « troisième sénateur » de Pennsylvanie et il est possible que cela lui rapporte quelques voix qui peuvent compter à l’arrivée, lui qui ne manque jamais une occasion de rappeler qu’il est né à « Scranton, Pennsylvania ». La boucle serait bouclée pour un candidat qui a beaucoup misé dans cette campagne sur son histoire personnelle.

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