Quel héritage pour la campagne de Bernie Sanders ?

Bernie Sanders a reconnu le 8 avril dernier la victoire de Joe Biden lors de la primaire démocrate, avant de mettre en scène quelques jours plus tard, dans un échange en vidéo-conférence, son ralliement. L’occasion de faire un bilan de sa campagne, comme on l’avait déjà fait avec Pete Buttigieg et Elizabeth Warren.

Une campagne qui se termine par une défaite ne peut probablement jamais être complètement qualifiée de réussite, mais force est de reconnaître que Bernie Sanders peut malgré tout être fier de l’impact de sa campagne sur l’élection de novembre prochain et sans doute même au-delà.

D’abord parce qu’il a réussi à créer un véritable mouvement de soutien autour de lui et à mobiliser des militants, le plus souvent jeunes et très motivés pour faire campagne sur le terrain (porte-à-porte, organisation des meetings les plus impressionnants de la primaire démocrate), lever des fonds auprès des citoyens ou pour mener la campagne digitale.

Un tour de force pour un candidat de 77 ans, élu (certes indépendant mais le plus souvent aligné sur les positions démocrates) au Congrès depuis 1991, qui a su, par sa force de conviction, sa ténacité et son intransigeance idéologique, incarner un projet de révolution sociale et politique et susciter l’espoir pour un électorat inquiet de la situation socio-économique des Etats-Unis, préoccupé par le changement climatique, etc.

Même si Bernie ne sera probablement pas sur le devant de la scène politique lors des prochaines campagnes présidentielles, une nouvelle génération de militants progressistes s’est révélée et a commencé à prendre pied au sein du parti démocrate. A l’image d’Alexandria Ocasio-Cortez devenue en moins de deux ans une figure incontournable du parti démocrate et une personnalité très médiatisée, nul doute que cette nouvelle génération qui intrigue les médias et les électeurs de tout bord sera sur le devant de la scène dans les années à venir.

Au-delà de cet impact envisageable sur le long terme, Bernie a réussi dès maintenant à faire considérablement prospérer ses idées progressives. Rangé parmi les favoris depuis le début de la primaire démocrate, puis en tête pendant quelques semaines en février après les premiers scrutins, il a réussi à mettre au cœur du débat d’idées ses thématiques favorites (couverture santé universelle, gratuité des études, impôt sur la fortune, lutte contre le changement climatique par exemple). Les sondages de sortie des urnes ont d’ailleurs montré un intérêt des électeurs démocrates pour ses propositions, même si cet intérêt ne s’est pas toujours traduit par des bulletins en sa faveur.

Même s’il a été critiqué, y compris par Joe Biden , pour certaines propositions jugées – dans un contexte américain – trop radicales, certaines de ses propositions, souvent portées également par Elizabeth Warren qui aura aussi joué un rôle important dans le débat d’idées, sont désormais bien ancrées dans le programme du parti démocrate pour les élections de 2020 : gratuité des études universitaires, établissement d’un salaire minimum au niveau fédéral, amélioration de la couverture santé, taxation des plus riches, etc1Même si les propositions n’iront pas toujours aussi loin que le programme proposé par Bernie lui-même..

Bien sûr, cela est aussi lié au souvenir cuisant du précédent de l’élection de 2016, lorsqu’une partie des électeurs de Bernie s’était abstenue ou même avait voté Trump plutôt qu’Hillary Clinton, celle-ci ayant marqué peu d’intérêt et surtout peu de considération pour le programme et les électeurs de Sanders.

De même, en mettant sur le devant de la scène politique les questions relatives au coût de la santé pour les américains ou la lutte contre les inégalités et la précarité (notamment des jeunes), Bernie aura permis au parti démocrate et à Biden d’être prêt à porter des propositions ambitieuses sur ces sujets qui seront probablement au cœur de l’actualité dans les semaines et mois à venir, compte tenu de l’impact économique terrible de la crise du coronavirus (26 millions de nouveaux chômeurs sur les 4 dernières semaines, notamment dans la « gig economy » – c’est-à-dire les emplois précaires et souvent « à la tâche » dans l’hôtellerie, la restauration, la livraison à domicile, l’événementiel, le spectacle, etc.).

Joe Biden sera sans aucun doute le candidat le plus à gauche de l’histoire du parti démocrate. Même si c’est aussi parce que Biden le veut bien, Bernie en est sans doute le premier responsable.

Quant aux explications de l’échec de Bernie, on les connaît : jugé clivant pour gagner contre Trump (mais aussi pour permettre à des candidats démocrates d’être élus au Congrès2On rappelle que que le 3 novembre, les américains voteront sur un même bulletin pour le Président et pour le Congrès. S’ils ne sont pas évidemment obligés de façon cohérente, il est clair que l’avis des électeurs sur les candidats à la présidence influence leur vote pour les autres scrutins qui se tiennent le même jour. Sanders était ainsi considéré comme un candidat dangereux pour les candidats démocrates sur le reste du bulletin, le « bottom of the ballot » comme on dit aux Etats-Unis. et trop radical (même parfois par des sympathisants démocrates partageant ses idées progressistes), il n’a pas cherché à atténuer cette impression, revendiquant jusqu’au bout l’attribut de « socialiste »3Sans parvenir à imposer au-delà de ses partisans la distinction entre « socialiste démocratique » et « socialiste autoritaire »., par exemple (certains diront qu’il est tout à son honneur de ne pas avoir trahi les idéaux qu’il défend depuis toujours).

Pas plus d’ailleurs qu’il n’aura réussi à lever les doutes, après avoir mené une campagne très centrée sur sa personne (même si son slogan était « Not me, us »), sur ses qualités de leadership, sa capacité à gouverner et à négocier pour aboutir à ses fins, ce qui est impératif pour un Président des Etats-Unis, même avec un Congrès de la même couleur politique4Sanders a très peu mis en avant son bilan de maire d’une petite ville du Vermont, où élu de très peu sous une casquette « socialiste », il avait réussi à gérer la municipalité en s’appuyant sur le secteur privé et en faisant prevue de pragmatisme., ni sur sa personnalité colérique et autoritaire. Les doutes – probablement justifiés – sur son « électabilité », critère décisif pour la primaire démocrate de 2020, et sa capacité à rassembler, lui ont été fatals.

C’est que Bernie s’est retrouvé un peu piégé dans par sa propre stratégie : il a joué sur le créneau anti-establishment pour attirer un électorat déçu par les politiques classiques et potentiellement attiré par ces idées et sa posture. Une fois le constat fait que cet électorat ne se déplaçait pas pour la primaire, il était impossible pour Bernie d’atténuer son discours et de faire une campagne plus classique sur le fond et la forme pour aller chercher des électeurs plus modérés (probablement déjà rangés derrière d’autres candidats) sans perdre en même temps sa base.

Au-delà d’être une explication factuelle de l’échec de Bernie, la question de la participation des jeunes mérite qu’on s’y attarde un peu. Bernie se faisait fort, grâce à ses propositions et sa capacité à mener une campagne digitale très active, de ramener dans les urnes les jeunes (dont la participation est traditionnellement nettement inférieure au reste de la population5Seuls 20% des jeunes de 18 à 24 ans voteraient, contre 50% environ pour l’ensemble de la population. et qui étaient nombreux à ne pas s’être déplacés pour voter pour Hillary Clinton), et notamment les jeunes afro-américains6Bernie avait beaucoup investi sur l’électorat afro-américain entre 2016 et 2020 et il y a très peu progressé. Les autres générations d’afro-américains étaient largement acquises à Biden. et latinos. Mais la participation des jeunes n’a pas été au rendez-vous. Si la participation globale à la primaire démocrate a augmenté en 2012 et 2016 dans la plupart des états, celle des jeunes n’a que rarement augmenté (et souvent moins que le reste de la participation : autrement dit, selon le Poynter Institute, le poids du vote des jeunes a en réalité diminué ).

Ainsi même un candidat qui répondait théoriquement à leurs aspirations7Autant le terme « socialiste » est connoté très négativement pour les américains qui ont connu la guerre froide, autant l’idée que le modèle capitaliste américain n’est peut-être pas la meilleure voie résonne largement pour les jeunes américains qui ont connu la crise de 2008 et ses suites, s’endettent pour payer leurs études, connaissent la précarité en entrant dans le monde du travail, etc. qui a constamment mis les préoccupations relatives aux jeunes en tête de ses priorités et qui n’a jamais dévié de sa ligne, n’a pas réussi à les attirer. On peut donc craindre que toute une génération ne soit très durablement dépolitisée.

Cela a ruiné les espoirs de Sanders, mais c’est aussi un problème pour Joe Biden et le parti démocrate en vue de l’élection générale de novembre 2020, tant cet électorat peut faire pencher la balance dans de nombreux états, à la fois pour l’élection présidentielle et pour les élections au Congrès. On voit donc aujourd’hui les stratèges et les militants du parti démocrate s’agiter sur le sujet pour trouver des solutions8Cf. par exemple cette vidéo improbable de la chanteuse Cardi B, soutien actif de Bernie Sanders pendant la primaire..

C’est aussi une inquiétude pour l’état de santé de la démocratie américaine en général que de voir certaines catégories de la population s’écarter durablement des processus électoraux. D’autant que la classe politique américaine étant particulièrement utilitariste et gavée d’enquête d’opinions et d’analyses pointues de l’électorat, les campagnes à venir risquent de ne pas vraiment être focalisées sur les problèmes des générations futures, puisque les jeunes ne votent pas…

Bernie aura donc marqué la primaire démocrate et l’élection de novembre prochain. Mais il lui reste un défi : faire en sorte qu’un maximum de ses électeurs votent Joe Biden en 2020. Tout ne dépend pas de Bernie et il faudra bien sûr que Biden fasse la démonstration de sa capacité à porter des idées progressistes. Mais la nature de la campagne menée par Sanders pourrait avoir un impact négatif sur l’attitude d’une partie de ses électeurs.

Bernie a répété à de multiples reprises qu’il aimait bien personnellement Biden même s’ils n’étaient pas d’accord sur tout et il n’a pas souhaité mené une campagne violente contre Biden. Il a préféré, et c’est tout à son honneur, marteler ses idées et son projet, malgré les recommandations de certains de ses conseillers qui continuent à regretter aujourd’hui qu’il n’ait pas pris des options plus offensives envers Biden9Par exemple en essayant d’entamer le soutien des électeurs afro-américains en mettant sur le tapis d’anciennes prises de position de Biden allant à l’encontre des revendications de la communauté afro-américaine. Rien ne dit cependant qu’une telle approche aurait fonctionné, tant la préférence des électeurs afro-américains pour Biden semble solide.. Mais la campagne digitale menée par ses partisans (les Bernie Bros) sur les réseaux sociaux elle a été très dure envers Biden, accusé d’être sénile, corrompu, membre de l’« establishement » et prêt à des concessions avec les plus élus les plus exécrés du parti républicain, etc.

Cela a sans doute laissé des traces dans l’électorat progressiste10Tout en donnant des arguments à l’équipe de campagne de Trump… d’autant que Sanders n’a que mollement critiqué les méthodes des Bernie Bros. De plus, en pourfendant régulièrement l’« establishement » (et le parti démocrate) et en promettant de renverser la table, Bernie a manifestement cultivé le « dégagisme » de son électorat. Il a ainsi peut-être durablement écarté ces électeurs du parti démocrate et compliqué le report de ses électeurs sur Biden, dont il faut reconnaître qu’il est l’archétype de l’homme politique américain traditionnel.

Donald Trump, qui utilise les mêmes ressorts « dégagistes » pour attirer les mécontents (on peut aussi ajouter que le protectionnisme et le rejet de la mondialisation portés par Trump sont de nature à séduire une partie de l’électorat jeune ou ouvrier de Sanders) et qui sait qu’en 2016, 15% des électeurs de Sanders auraient voté pour lui, ne s’y est pas trompé. Lui qui a régulièrement trollé la primaire démocrate, a, dès le retrait de Sanders, lancé un appel aux électeurs de ce dernier. Et les médias d’ultra-droite (Breitbart en tête, Steve Bannon ne s’en cache pas) vont clairement travailler sur le sujet.

Cependant, Bernie est très présent dans les médias depuis son retrait. Il y répète qu’il va continuer à porter ses idées et que son électorat a un rôle à jouer11C’est sans doute la raison pour laquelle, bien qu’ayant reconnu sa défaite, il sera présent sur les bulletins de vote des primaires à venir pour compter ses soutiens en vue de la convention démocrate, peser au maximum par ce biais sur le programme du candidat Biden et montrer à son électorat que la campagne n’aura pas été vaine.. Sanders compte manifestement s’investir fortement, tout en posant ses conditions sur la prise en compte de son programme et l’intégration à cet effet d’une partie de son équipe dans l’équipe de campagne de Biden et en essayant de peser sur le choix de la colistière de Biden12On sait qu’il s’agira d’une femme, Biden ayant pris cet engagement lors du dernier débat de la primaire le 15 mars..

Ses récentes interventions ne trahissent pas de rancœur ni de frustrations mais plutôt un soutien sincère à Biden comme en témoigne la connivence des deux hommes lors du long échange en visio-conférence réalisé le 13 avril pour marquer le ralliement de Sanders (encore une fois, il est tout à l’honneur de Bernie de ne pas ressasser aujourd’hui le fait que la crise du coronavirus lui donne raison a posteriori sur de nombreux sujets et qu’il mériterait de ce fait d’être le candidat démocrate en novembre13Certains de ses partisans continuent de considérer, eux, qu’il a abandonné trop tôt.).

Bernie veut absolument battre Trump et compte manifestement cette fois jouer un vrai rôle14Plus qu’en 2016 en tout cas : Sanders avait déclaré son soutien à Hillary Clinton, mais les deux rivaux de la primaire ne s’étaient jamais vraiment réconciliés. dans la suite de la campagne présidentielle. C’est une bonne nouvelle pour Joe Biden.

5 réflexions sur « Quel héritage pour la campagne de Bernie Sanders ? »

  1. Très Instructif encore une fois. Comme Bernie a l’air de bien s’entendre avec Biden, quelles sont ses relations avec Obama dont le vice-président était Biden ? Et est-ce qu’Obama joue un rôle dans la campagne ou bien ce n’est pas dans la culture américaine qu’un ancien président prenne parti ouvertement ?

    1. Les bonnes relations entre Joe Biden et Bernie Sanders ne datent pas des années Obama, mais plutôt du temps passé ensemble au Congrès (où Bernie est élu depuis 1991 et Biden depuis… 1973) et parce qu’il semble difficile de ne pas bien s’entendre avec Joe Biden compte tenu de ses qualités humaines. Sanders ne semble pas avoir d’affinités particulières avec Obama, qu’il a peu fréquenté . Il se dit d’ailleurs qu’il avait envisagé en 2012 de se présenter à la primaire démocrate et de contester ainsi la candidature d’Obama pour un deuxième mandat. Il n’avait pas été non plus particulièrement tendre avec Obama lors de la primaire de 2016.

      Merci par ailleurs pour la suggestion de développer un peu la question du rôle d’Obama dans la primaire et plus largement dans la campagne présidentielle : ce sera l’objet de la prochaine chronique !

  2. Ce blog me donne l’occasion de m’intéresser de plus près à la campagne présidentielle américaine. Celle-ci est peu commentée par nos médias, submergés par le COVID-19 . Les éclairages sur les sous-jacents économiques et sociaux des programmes portés par les candidats sont pourtant utiles car du résultat des élections aux USA dépendra une bonne partie de notre quotidien futur (même masqués !).
    Il nous faudrait un Jean-Guillaume à Moscou, Pékin ou Ankara.
    Au fait, l’accusation d’agression sexuelle à l’encontre de Joe Biden risque-t-elle d’influer sur l’élection (les pancartes “Women for Trump” me font sourire et me laissent perplexe).

    1. Les accusations formulées par Tara Reade envers Joe Biden – elle l’accuse de l’avoir agressé sexuellement lorsqu’elle travaillait dans son équipe au Sénat au milieu des années 90 – sont sur le devant de l’actualité depuis quelques jours mais datent du mois dernier.

      Les médias de tout bord ont mené dans l’intervalle l’enquête, sans arriver à trouver d’autres confirmations que celles de quelques proches auxquels Tara Reade aurait indiqué qu’elle était victime de harcèlement ou d’agressions sexuels, sans entrer apparemment dans le même niveau de détails qu’elle ne le fait actuellement. Mme Reade dit en avoir parlé à des collaborateurs de Biden, qui ne s’en souviennent pas, et avoir formulé une plainte auprès des services du Sénat (sans se souvenir exactement quand et à dans quel organisme précisément), plainte qui n’a pas été retrouvée à ce stade.

      Au-delà, les enquêtes d’investigation plus élargies n’ont pas identifié d’autres allégations du même ordre envers Biden. Au contraire le milieu parlementaire indique que l’image de Biden était plutôt celle d’un sénateur ne faisant aucune discrimination sexiste et avec lequel les femmes avaient plaisir à travailler (alors que « tout le monde sait avec quel sénateur il vaut mieux ne pas se retrouver seule dans l’ascenseur quand on est une jeune femme »…).

      Surtout, comme tout candidat potentiel à la vice-présidence, Biden a fait en 2008, avant d’être désigné colisiter par Barack Obama, l’objet d’une enquête approfondie sur sa personnalité, ses mœurs, ses fréquentations, sa situation financière. Il s’agit pour le candidat à la Présidence d’éviter de choisir un vice-président qui pourrait être attaqué pendant la campagne, ou qui une fois élu pourrait présenter des risques de collusion avec l’étranger, subir des chantages, etc. Cette enquête n’avait rien fait ressortir en matière de violences faites aux femmes.

      Si donc les accusations de Mme Reade suscite à ce stade plutôt des interrogations, reste que  :
      – il y a un environ, une polémique était apparue à propos de la tendance de Biden a être très tactile et à mettre parfois mal à l’aise des femmes en leur touchant les cheveux, les épaules, etc. Tara Reade avait d’ailleurs fait partie à l’époque des personnes se manifestant sur le sujet, sans faire état des agissements plus graves dont elle accuse Biden aujourd’hui. Biden avait fait son mea culpa indiquant qu’il comprenait les problèmes que cela pouvait poser à certaines femmes et promettant d’y prêter une plus grande attention.
      – Au moment de #MeToo puis de la nomination à la Cour Suprême du juge, proposé par le Président Trump, Brett Kavanaugh qui était accusé de viol par une étudiante ayant fréquenté la même université, le parti démocrate et Joe Biden avec lui avaient lourdement insisté sur la nécessité de croire, ou a minima d’écouter toutes les accusatrices, quel que soit leur crédibilité supposée et la personnalité supposée de la personne objet de leur accusation, de ne pas écarter trop vite les allégations, y compris quand elles apparaissent tardivement (compte tenu du temps qui peut être nécessaire pour que les victimes arrivent à parler des faits), etc.

      Biden s’est pour la première fois défendu lui-même publiquement vendredi 1er mai en indiquant qu’il niait absolument et en demandant à ce que des investigations soient menées par exemple pour identifier une éventuelle plainte qu’aurait déposée Tara Reade au Sénat.

      Cette intervention a été jugée tardive par de nombreux commentateurs, soutiens politiques, ou ou militants de la lutte contre les violences faites aux femmes (on peut lire ainsi la série de tweets de Tarana Burke, à l’origine du hashtag #MeToo, en date du 28 puis les complément du 30 avril sur le sujet), qui considéraient à juste titre qu’il n’était pas suffisant d’envoyer ses lieutenants nier les faits dans les médias.

      Mais son message équilibré entre négation des faits et volonté que l’affaire soit néanmoins éclaircie a plutôt rassuré ses soutiens. A ce stade, les démocrates le soutiennent fermement et déclarent le croire, rappelant son action sur les droits des femmes et la lutte contre les violences faites aux femmes pendant ses 8 années de vice-présidence, et son engagement, pris avant que cette dernière affaire ne surgisse, de prendre une femme comme colistière.

      Dans le camp d’en face, les médias pro-Trump font mousser le sujet et certains républicains regrettent l’hypocrisie et le « double-standard » des démocrates accusés de grossir les accusions quand elles leur sont utiles et les minimisent quand elles touchent leur candidat.

      Donald Trump reste remarquablement mesuré sur le sujet, choisissant, à ce stade tout au moins, d’utiliser cette histoire pour indiquer que lui aussi a été victime de fausses accusations sur le sujet. Il faut dire que s’il engage la bataille sur ce terrain, il pourrait craindre l’effet boomerang compte tenu des très nombreux témoignages d’agressions sexuelles portés à son encontre. Mais n’avait-il pas utilisé lors de la campagne de 2016 l’affaire Lewinski et d’autres accusations portées envers Bill Clinton pour affaiblir Hillary Clinton, par exemple en invitant certaines des accusatrices de son mari à un des débats présidentiels ?

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