La primaire démocrate, une machine à perdre ?

A l’image de ce qu’on a pu connaître en France en 2017 à droite comme à gauche, ou lors de précédentes échéances, la primaire qui vient de rentrer dans une phase importante avec l’approche du « Super Tuesday » le 3 mars (primaires simultanées dans 15 états dont le Texas et la Californie) est un exercice risqué.

Si la primaire permet de clarifier la ligne du parti et l’approche stratégique pour l’élection générale, elle voit aussi les différents « courants » se déchirer au risque de laisser des séquelles qui pénaliseront le candidat investi pour la « vraie » élection (parlez-en à Ségolène Royal en 2007, à Eva Joly en 2012 ou à Benoit Hamon et François Fillon en 2017…).

C’est particulièrement le cas cette année, avec une primaire très disputée et très incertaine. Si les candidats se sont efforcés initialement de ne pas trop s’attaquer, le ton est petit à petit monté ces dernières semaines, alors que certains candidats jouent leur survie (comprendre « doivent faire des résultats dans les prochains scrutins pour continuer à collecter les fonds indispensables à la campagne sur le terrain et dans les médias »…). Le débat du 19 février a sans doute marqué un tournant avec des attaques parfois violentes.

Et on imagine Donald Trump, derrière sa télévision, pour autant qu’il ait, pour une fois, délaissé les émissions de son fan club sur Fox News, en train de se délecter de ces affrontements et d’accumuler tranquillement des munitions pour la suite. Ceci d’autant plus que Trump lui-même n’est pas exposé au même risque puisque la primaire républicaine est totalement escamotée cette année et ne sera qu’une formalité, ou plutôt une marche triomphale vers l’investiture, le camp républicain étant enthousiaste à l’idée d’un deuxième mandat Trump.

L’autre risque, c’est de désigner un candidat incapable d’élargir l’électorat au-delà des militants démocrates, ou repoussoir pour la suite. C’est là que l’« électabilité » du candidat entre en jeu, avec tous les débats et incertitudes que cette notion comporte.

Dans ce contexte, et compte tenu des candidats en lice, la crainte côté démocrate est d’arriver à la convention de juillet sans gagnant clair. Le scénario qui est dans toutes les têtes aujourd’hui est celui dans lequel Bernie Sanders recueillent environ 30% des voix tout au long de la primaire, et donc à peu près autant de délégués, pendant que les autres candidats, plus modérés, se partagent le reste des voix en ayant plus ou moins de succès selon les états, et sans qu’aucun se détache suffisamment au point de voir les autres renoncer et se rallier.

Dans ce scénario Bernie Sanders n’aurait pas de « réserves » et pas de ralliement possible, et même plutôt une forte opposition des autres candidats. Or, il n’y a pas de « deuxième tour » dans les primaires aux Etats-Unis… mais ce n’est pas non plus une élection à la majorité relative et il n’est pas non plus prévu que le prétendant arrivé en tête gagne automatiquement l’investiture. L’ « appareil » du parti démocrate entrerait alors en jeu pour désigner un candidat, probablement modéré, qui partirait au combat avec un vrai déficit de légitimité. Et sans doute sans une grande partie des votes exprimés en faveur de Sanders, lesquels ne s’étaient « pas suffisamment » porté sur Hillary Clinton en 2016. Un scénario qui fait déjà saliver Donald Trump et ses soutiens.

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