L’American Recue Plan voté quelques semaines après la prestation de serment de Joe Biden visait à soutenir les entreprises et les ménages affectés par les conséquences économiques de la pandémie de coronavirus et à créer les conditions favorables pour la reprise économique post-pandémie. De fait, l’économie américaine a connu un rythme de reprise et de résorption du chômage beaucoup plus rapide que ne l’avaient prévu les économistes.
Mais les 1 900 milliards de dollars de dépenses prévues par l’American Rescue Plan, qui venaient à la suite de plusieurs milliers de milliards de dollars de soutien mis en œuvre en 2020, sont désormais accusées d’avoir créé une inflation qui a atteint 7,3% sur un an, soit le taux le plus élevé depuis le début des années 80.
L’inflation est-elle vraiment le résultat d’un excès de dépense publique ? Le contexte étant sans précédent, la réponse est difficile à apporter, d’autant que d’autres éléments explicatifs peuvent être avancés.
Les difficultés des chaînes logistiques internationales ou la hausse des prix de l’énergie dans le contexte d’une reprise forte de la croissance au niveau mondial n’ont-elles pas aussi une part dans l’inflation ?
Les difficultés de recrutement, qui entretiendraient une tendance à la hausse des salaires qui nourrirait elle-même l’inflation, sont attribuées au « chèque » de 1400 euros versé début 2021 ou à la reconduction jusqu’en septembre 2021 des mesures permettant d’améliorer les dispositifs de droit commun d’indemnités chômage. Certains think tanks contestent le lien entre difficultés de recrutement, hausse des salaires et hausse des prix et voient plutôt dans la hausse des salaires un ajustement nécessaire et trop longtemps repoussé corrigeant des dysfonctionnements du marché du travail américain.
Il faut dire que, si un versement de 1400 dollars (qui représente un peu moins de 200 heures de travail au salaire minimum fédéral de 7,25 dollars) ou un complément d’allocations chômage de quelques centaines de dollars dissuadent encore, près d’un an après, nombre de travailleurs de participer au marché du travail, il faut sans doute se poser des questions sur le nombre important d’emplois précaires, à temps partiel et mal payés, par exemple dans les secteurs des services (hôtellerie, restauration, divertissement, tourisme notamment) qui peinent le plus à recruter.
Comme il est dans le même temps très coûteux de faire garder des enfants (et de se déplacer pour aller travailler dans de nombreuses métropoles), le choix de ne pas travailler peut s’imposer, surtout lorsque la scolarisation des enfants n’a pas encore partout repris normalement en raison de la pandémie. On comprend mieux la baisse importante de la participation des femmes au marché du travail américain en 2020 et 2021, même si début mars ce taux se rapprochait de son niveau de 2020. Plutôt de blâmer l’American Rescue Plan, ne faudrait-il pas au contraire pérenniser les mesures d’aide financière à la garde d’enfants ?
De la même manière, un nombre important de travailleurs de plus de 65 ans se sont retirés du marché du travail en 2020 et 2021 (2,6 millions de plus que prévu, soit une baisse de 7% de cette catégorie de travailleurs) parce qu’ils craignaient d’être infectés ou pour participer à la garde de leurs petits-enfants, contribue aux difficultés de recrutement. Ne faut-il pas s’interroger sur les raisons qui poussent les seniors à continuer à travailler après 70 ou 75 ans et, parmi elles, l’hétérogénéité des dispositifs de retraite, les difficultés à épargner pour les classes populaires, la peur de ne pas pouvoir financer des soins ou l’absence de couverture santé universelle ? Là encore, les mesures temporaires des différents plans de soutien aux ménages pendant la pandémie étaient plutôt vertueuses (prise en charge financière des soins liés au coronavirus, etc.).
Reste que Biden n’a jamais réussi à faire passer l’idée que l’inflation était inévitable en phase de post-pandémie, que les paquets de mesures successifs pour soutenir l’économie et aux ménages avaient non seulement aidé les bénéficiaires et réduit la pauvreté mais aussi soutenu la consommation donc l’économie, et que l’appréciation de sa politique économique devait embrasser d’autres indicateurs économiques, eux très positifs.
Biden et son équipe ont pourtant martelé, notamment depuis le début de l’année les chiffres de l’emploi, avec la création en un an de plus de 6 millions d’emploi (le meilleur résultat pour une première année de mandat depuis que les statistiques en la matière existent), un taux de chômage revenu en dessous de 4%, c’est-à-dire à son niveau pré-pandémie, alors qu’il avait atteint près de 15% en avril 2020 ou la hausse des salaires (certes moindre que l’inflation).
Ils insistent aussi sur la croissance très importante qu’ont continué connu les Etats-Unis en 2021 : le PIB américain a retrouvé fin 2020 son niveau pré-pandémie, mais il continué à augmenter en 2021 à un rythme élevé – et même plus important que les taux de croissance pré-pandémie. L’administration Biden fait évidemment la comparaison avec la reprise économique très lente après la crise de 2008 et son cortège de précarisation pour de nombreux américains privés d’emploi, faute, selon les soutiens de la politique économique de Biden, d’une intervention suffisante du gouvernement fédéral.
Certains économistes et l’aile gauche du parti démocrate sont aussi venus à son secours pour expliquer que certaines grandes entreprises avaient profité de la situation pour augmenter les prix, sans que l’évolution de leurs coûts de production ne le justifie. Ils en ont profité pour appeler à une action forte pour démanteler les oligopoles par exemple dans le secteur agroalimentaire ou à une réflexion sur les modalités de taxation des bénéficies. Il y a sans doute des pistes d’action à creuser de ce côté-là et Biden a d’ailleurs mandaté son administration pour faire la chasse à ces hausses de prix abusives notamment dans le secteur de l’énergie et des carburants et pour enquêter sur les abus de position de dominante dans le secteur de la viande par exemple.
Quoi qu’il en soit, ces explications n’ont jamais prospéré et le narratif selon lequel la politique économique de Biden est responsable de l’inflation s’est imposé. Il faut dire que plusieurs acteurs avaient intérêt à accuser Biden d’être responsable de l’inflation.
Les républicains, bien sûr, puisqu’ils avaient justifié leur opposition au paquet de soutien à l’économie et aux ménages par le risque lié au creusement du déficit budgétaire. Ils étaient cependant mal à l’aise compte tenu de l’impact positif de certaines mesures (comme les crédits d’impôts sur la garde d’enfant) sur les américains ordinaires. Ils ont évidemment vu dans l’augmentation de l’inflation un argument beaucoup plus porteur.
Mais ils ont aussi pu s’appuyer sur les prises de position de certains économistes jugés proches du parti démocrate, et notamment de Larry Summers. L’ex-secrétaire au Trésor de Bill Clinton, avait alerté sur le risque de voir une nouvelle injection massive d’argent public dans l’économie créer de l’inflation. Il s’est agi aussi, pour les économistes qui avaient conseillé à l’administration Obama une intervention mesurée après la crise de 2008, de prendre leur revanche sur les critiques subies depuis. Biden a donc été aussi la victime d’une querelle idéologique entre économistes, dans laquelle les tenants de l’orthodoxie budgétaire avaient un avantage sur le plan de la communication puisque leur discours irrigue l’opinion publique depuis des dizaines d’années.
Renonçant à batailler sur le terrain technique, Biden et son administration ont rapidement choisi d’utiliser un autre argument, répété à satiété à l’automne dernier : l’inflation ne serait que « temporaire » ou « transitoire ». Mais cet argument ne convainc plus et est même devenu un sujet de moquerie dans les médias. Les américains ordinaires savent bien par ailleurs que les prix de certains produits ne rebaisseront pas, même lorsque les éléments de contexte expliquant la hausse auront disparu.
La bataille de communication sur l’inflation et la situation économique semble donc avoir été perdue fin 2021, suscitant l’irritation visible du Président envers les journalistes qui l’interrogent sans cesse sur le sujet.
Biden a semblé dans un premier temps s’enferrer dans une défense de son bilan économique, s’évertuant à minimiser la question de l’inflation par rapport aux autres indicateurs économiques, comme par exemple lors de la conférence de presse tenue à l’occasion de l’anniversaire de sa prise de fonction.
On retrouve là le classique défaut des gouvernants qui refusent de considérer comme légitime la focalisation de la population sur des éléments de bilan défavorables. Biden et son équipe semblaient considérer le problème de communication comme relevant d’une incapacité à faire valoir les bons résultats.
Les stratèges politiques estimaient alors qu’il aurait été plus pertinent de reconnaître dès le début le poids de l’inflation et de se positionner sur le sujet. Autrement dit, reprendre les préoccupations à son compte plutôt que les nier, et espérer ainsi pouvoir bénéficier le moment venu d’un « retour à la normale » (encore plus si on le considère comme inévitable). Et ce d’autant que Biden excelle dans le registre de l’empathie – bien davantage que dans celui de l’expertise économique ou de la présentation d’indicateurs chiffrés positifs.
Le discours sur l’état de l’Union, prononcé devant le Congrès le 1er mars, semble avoir marqué une évolution sur le sujet : s’il a mis en avant quelques résultats économiques, le Président a déclaré que l’inflation était sa première priorité et reconnu l’impact de celle-ci, dans un registre qui lui convient bien.
Malgré tous les bons indicateurs que connaît notre économie – création record d’emplois, hausse des salaires – trop de familles luttent pour payer leur factures. L’inflation leur vole les gains dont ils pensaient pouvoir bénéficier. Je le comprends. C’est pourquoi maintenir les prix sous contrôle est ma première priorité.
Joe Biden, lors du discours sur l’état de l’Union, le 1er mars 2022
Le Président a aussi habilement mis sur la table un débat politique qui peut tourner à l’avantage des démocrates : la solution pour lutter contre l’inflation est-elle vraiment de baisser les salaires et maintenir de nombreux travailleurs dans la précarité ? Ne faut-il pas plutôt élever le niveau de vie au travers d’une hausse des salaires, réduire certains coûts par du soutien public (prise en charge des frais de santé ou des gardes d’enfant) et ainsi permettre aux américains qui subissent le plus l’inflation de limiter les effets de celle-ci ?
Nous avons le choix. Une façon de lutter contre l’inflation est de baisser les salaires et d’appauvrir les américains. Je pense que j’ai une meilleure idée : baisser les coûts, pas les salaires.
Joe Biden, lors du discours sur l’état de l’Union, le 1er mars 2022
Il sera pourtant difficile de retourner l’opinion publique sur ce sujet, dans un contexte culturel où l’intervention du « big government » dans l’économie et la dépense publique sont considérées d’un mauvais œil par l’opinion publique.
Surtout, alors que les espoirs de voir les prix se stabiliser en 2022 n’étaient pas déraisonnables (le taux d’inflation mensuel avait atteint un pic en octobre 2021 et était redescendu doucement depuis), la guerre en Ukraine et les sanctions économiques envers la Russie risquent de remettre une couche sur les prix de l’énergie et par conséquence sur l’ensemble des prix, mais surtout sur les prix du carburant, qui restent l’indicateur de prix le plus regardé par les américains ordinaires, les économistes et les stratèges politiques.
Biden a par ailleurs peu d’outils à sa disposition pour agir sur l’inflation à court terme. C’est la réserve fédérale (c’est-à-dire l’équivalent de la banque centrale), indépendante, qui dispose d’un puissant levier puisqu’elle fixe les taux d’intérêts directeurs. La « Fed » a annoncé une hausse progressive de ces taux pour juguler l’inflation. Mais le risque de freiner la reprise si ces hausses sont mal calibrées ou mal interprétées par les investisseurs est réel et accentué par les incertitudes créées par la guerre en Ukraine.
Quant aux mesures visant à améliorer le fonctionnement de la chaîne logistique (en augmentant l’activité des ports par exemple) ou à renforcer la concurrence en s’attaquant par exemple à la situation oligopolistique dans le secteur de la viande, elles risquent d’avoir un impact limité et en tout cas peu perceptible à court terme par les consommateurs.
Certains ont bien une autre idée : relancer l’exploration des réserves de pétrole et de gaz de schiste pour freiner la hausse des prix et éventuellement compenser un embargo sur les exportations russes. Cependant la production ne peut évidemment pas être relancée d’un claquement de doigt, ce à quoi les partisans de cette mesure répondent que le signal contribuerait à freiner l’envolée des prix.
Surtout, Joe Biden est convaincu de l’importance de la lutte contre le changement climatique et a remis les Etats-Unis au cœur des discussions multilatérales sur la question. Il n’avait pas hésité pendant la campagne électorale à annoncer la fin à terme de l’industrie pétrolière américaine. Son engagement sincère en la matière est sans doute la principale cause du soutien que l’aile gauche du parti démocrate continue de lui apporter. On le voit mal faire un virage à 180° sur le sujet.
Biden a donc plutôt choisi d’insister, lors d’un passage très remarqué du discours sur l’Etat de l’Union, relayé sur le compte Twitter de Président, sur la rénovation énergétique, le développement – et la baisse des prix – des véhicules électriques et la production d’énergie renouvelables comme réponse à la hausse des prix des carburants.
On notera au passage que la sobriété énergétique reste un tabou complet aux Etats-Unis, depuis que George H. W. Bush (le père) avait utilisé, lors du Sommet de la Terre de Rio en 1992, par une formule restée célèbre : « Le mode de vie américain n’est pas négociable. Point barre. ». On voit mal Biden, qui demande déjà des sacrifices aux américains en expliquant que les sanctions contre la Russie auront un impact mais sont nécessaires, se lancer sur le sujet.
Si la réponse envisagée par Biden ne peut qu’être saluée, son impact de court terme risque d’être limité. L’administration Biden cherche donc à sécuriser des approvisionnements alternatifs à la Russie, en renouant discrètement (mais pas suffisamment discrètement puisque l’information a fuité dans les médias !) avec le Venezuela, l’Arabie Saoudite, voire même l’Iran.
Ceci ne manque évidemment pas de susciter des interrogations et un tir croisé entre ceux qui accusent l’administration d’hypocrisie (les nouvelles importations envisagées viendraient-elles de pays vraiment plus fréquentables que la Russie ?), ceux qui dénoncent un entêtement idéologique sur le changement climatique qui fragilise les Etats-Unis, les tenants de l’indépendance énergétique, etc.
Le lobby des pétroliers et gaziers américains sont évidemment très actifs dans ce contexte : on peut le voir au fait que les tenants de la relance de l’exploitation des ressources fossiles américaines utilisent tous les mêmes arguments et les mêmes chiffres (les hydrocarbures américains seraient « 41% plus propres » que les hydrocarbures russes).
Du côté de la classe politique, ce ne sont pas seulement les républicains qui poussent pour relancer l’industrie pétrolière et gazière américaine mais aussi les élus des états pétroliers, de toute tendance.
Les médias ne sont pas en reste, avec évidemment en première ligne Fox News, qui ne manque pas de voir dans « l’entêtement » de Biden la confirmation qu’il est aux mains des gauchistes internationalistes du parti démocrate (et ce d’autant plus qu’un canal de discussion serait ré-ouvert avec le Venezuela). Mais un éditorialiste réputé de CNN soutient aussi cette position.
Après avoir annoncé tout au long de l’année 2021 que l’inflation allait ralentir, Biden a donc été obligé de revoir sa communication sur le sujet et d’annoncer que la crise en Ukraine susciterait sans doute une hausse des prix. Et même si la tentation pourrait être forte côté démocrate de saisir cette opportunité pour mettre l’inflation sur le seul compte de la guerre en Ukraine, les républicains ne cessent de marteler que l’inflation était là bien avant et que c’est bien la politique économique de l’administration Biden qui en est la première cause.
Cette inflation, qui sera très probablement au cœur de l’actualité encore dans les mois à venir, a évidemment un impact politique direct pour le Président. Non seulement elle est perçu très négativement mais elle efface tous les autres bonnes nouvelles en matière économique et notamment le retour de la croissance ou la baisse du chômage.
Pour une raison très simple : la création de 6 millions d’emplois en un an touche… 6 millions d’américains et leur famille. Alors que l’inflation – et notamment la hausse du prix du carburant – touche des centaines de millions d’américains quotidiennement ou presque. De nombreux sondages, rassemblés dans une note de l’institut Brookings montre bien combien l’inflation est le sujet économique qui focalise l’attention des américains : ainsi, selon une étude menée par The Economist et YouGov, 52% des américains estiment que les prix des biens et services sont le meilleur indicateur de la santé économique du pays, loin devant le taux de chômage (17%) et les cours de la bourse (6%).
Rien de surprenant, dans ce contexte, à ce que l’appréciation par les américains de l’action présidentielle en matière d’économie soit très négative.
Les doutes de l’opinion publique sur ses compétences en matière économique étaient déjà considérés comme un de ses gros points faibles pendant la campagne présidentielle de 2020. Il s’agit en effet du seul sujet sur lequel une majorité d’américains jugeaient Trump davantage compétent que Biden dans les enquêtes d’opinion qualitatives.
A l’approche des élections de mi-mandat, cette vision très négative de la situation économique et de la politique économique de l’administration Biden est problématique pour les démocrates.
D’abord parce qu’il s’agit du sujet qui occupe, de très loin, le premier rang des préoccupations des américains1Précisons qu’il s’agit d’un sondage effectué avant la guerre en Ukraine..
Ensuite, par que les élus démocrates au Congrès ne pourront pas facilement se dissocier du Président en la matière : ce sont eux qui ont voté l’American Rescue Plan, après avoir fait campagne à l’automne 2020 sur la nécessité d’un nouveau paquet de mesures de soutien aux ménages. L’annonce d’un chèque de 1400 dollars est même considérée comme ayant joué un rôle important dans le gain par les démocrates des deux sièges de sénateurs en Géorgie début 2022, donnant la majorité au parti du Président au Sénat.
L’inflation est donc une sacrée épine dans le pied des démocrates en vue des élections de mi-mandat.
Mais la perception de la situation économique grève aussi la marge de manœuvre de Biden pour mettre en œuvre certaines promesses de campagne très attendues.
Alors qu’il s’est engagé à trouver des solutions pour régler le problème de la dette étudiante des américains (rappelons qu’environ 46 millions d’américains sont endettés, à hauteur de 1 750 milliards de dollars), les mesures d’effacement pur et simple de tout ou partie de cette dette sont toujours en suspens Précisons que les remboursements sont suspendus depuis début 2020 dans le cadre des mesures de soutien aux ménages dans le cadre de la pandémie..
Le débat était déjà compliqué. Fortement soutenue par les grandes figures de l’aile gauche du parti démocrate comme Bernie Sanders ou Elizabeth Warren, très attendue par les jeunes et par l’électorat afro-américain (par construction, l’annulation de la dette profite aux catégories sociales les plus pauvres obligées de s’endetter pour financer leurs études) est très critiquée par les conservateurs – mais aussi par certains modérés – qui considèrent cette mesure comme une prime à l’échec professionnel. Selon eux, ceux qui n’arrivent pas à rembourser leur dette étudiante sont ceux qui n’ont pas suffisamment réussi financièrement. Et il faudrait les aider alors que d’autres américains ont sué, travaillé et réussi pour rembourser leur dette ?
L’inflation ne facilite pas l’arbitrage : si un chèque de 1400 dollars par américain est jugé responsable de l’inflation, on comprend que Joe Biden y regarde à deux fois avant d’effacer d’un coup 10 000 dollars de dette étudiante par américain (il s’agit du montant que Biden s’était dit pris à considérer pendant la campagne électorale) pour plusieurs dizaines de millions d’américains.
Au-delà de cette question ponctuelle mais loin d’être anecdotique politiquement, c’est la capacité de Biden à mettre en œuvre l’ensemble de son agenda de réformes, qui suppose des dépenses publiques massives, qui est compliqué par l’inflation, alors même que le Président peine déjà depuis de long mois pour faire adopter le projet « Build Back Better » qui était le cœur de sa plateforme électorale.