Quelle stratégie électorale pour les démocrates en vue des midterms ?

Comment gagner, ou au moins limiter les dégâts,  lors des élections de mi-mandat de novembre prochain, alors que toutes les enquêtes d’opinion pointent l’impopularité actuelle du Président et mettent en avant des faiblesses problématiques des démocrates dans tous les segments électoraux ?

S’agissant d’élections locales, le premier réflexe pour les candidats démocrates sera d’éviter de nationaliser le scrutin et de faire le moins de référence possible à Joe Biden, à son bilan et au parti démocrate en général. Mais c’est évidemment beaucoup plus facile à dire qu’à faire, d’autant que les candidats démocrates auront face à eux des adversaires républicains qui feront justement tout pour nationaliser l’élection.

Même si chaque candidat s’adapte toujours aux caractéristiques de son électorat (et à ses propres convictions…), le parti démocrate a besoin de définir rapidement les orientations stratégiques nationales de sa campagne, pour qu’elle puise aider chaque candidat sur le terrain. Les démocrates doivent désormais choisir un plan de bataille et arbitrer entre plusieurs alternatives dont certaines sont difficilement compatibles entre elles et qui détermineront aussi en partie les priorités de l’activité du Congrès et de l’action présidentielle dans les moins à venir.

Le défi est d’autant plus important que, depuis le début du 20ième siècle, seuls 3 élections de mi-mandat ont vu le parti du Président au pouvoir gagner des sièges à la Chambre des représentants1Les résultats au Sénat sont moins significatifs, dans la mesure où ils dépendent largement des sièges en jeu, puisque le Sénat est renouvelé par tiers tous les deux ans, alors que la Chambre des représentants est totalement renouvelée tous les deux ans.. Et à chaque fois, les circonstances étaient très particulières : en 1934, en plein New Deal ; en 1998, après la tentative avortée d’impeachment de Bill Clinton suscitant un vote sanction envers les républicains ; en 2002, un an après les événements du 11 septembre. Même en 1962, juste après la crise des missiles à Cuba dont JFK était sorti renforcé, le parti démocrate avait conservé la majorité à la Chambre mais perdu des sièges.

Certes, depuis 2016 et la victoire de Donald Trump, la politique américaine est entrée dans des territoires difficilement comparables au passé. De même la pandémie encore présente, la situation économique et le contexte international très fluides créent un contexte assez unique.

Il pourrait d’ailleurs être tentant, tant les faiblesses de Biden dans l’opinion publique sont multiples, de tout miser sur un retournement très favorable du contexte de l’élection et d’essayer d’en créer les conditions. C’est en quelque sorte ce qu’avait tenté Trump à l’automne 2020, en misant tout sur une « october surprise » (un vaccin, un effondrement de son adversaire pendant les débats présidentiels, etc.).

Certains se prennent ainsi à rêver par exemple d’un échec retentissant de l’invasion russe en Ukraine voire d’un renversement de Vladimir Poutine dont Biden pourrait revendiquer la « paternité » grâce à son action volontariste en matière de sanctions et son activisme diplomatique, lesquels ont permis d’entraîner dans son sillage l’Union Européenne et tout le G7. Un tel scénario pourrait évidemment changer radicalement l’appréciation de la population américaine sur le Président, et certains stratèges se prennent à rêver d’une tournée du pays à l’automne lors de laquelle le président ukrainien Zelensky accompagnerait Joe Biden.

Mais les leviers à la main des démocrates et de Biden sur le sujet sont réduits. Même si Biden consacre beaucoup de temps à la crise en Ukraine2On doute d’ailleurs que ce soit à des seules fins électorales. une résolution positive du conflit est loin d’être dans ses seules mains.

Ecartons donc l’hypothèse d’un événement extraordinaire sur le plan international pour détailler les options plus réalisables.

Est-il trop tard pour améliorer le bilan de la première moitié du mandat de Joe Biden ?

Un axe stratégique de campagne pour les démocrates pourrait être d’améliorer l’image du Président et d’étoffer son bilan, lesquels sont étroitement liés.

On a déjà expliqué dans ces chroniques que l’inflation était le plus gros handicap actuel pour Biden et les démocrates et que le sujet écrasait totalement les points positifs du bilan du Président. C’est ce que l’équipe démocrate chargée de préparer les midterms résume par le problème des « 2G », « gas and groceries » (pour « carburant et provision »). 

Nul doute qu’un tassement de l’inflation, combiné avec le maintien d’une croissance élevée et d’un taux de chômage très faible, pourrait significativement atténuer les motivations d’un vote sanction sur le bilan du Président.

Mais l’évolution de la situation économique dépend largement du contexte international.  Les leviers à la main de l’administration sont réduits, symboliques et peu commodes à manipuler.

La convocation des distributeurs de carburants pour leur demander de maîtriser les prix, l’annonce d’une action contre l’attitude prédatrice de certains acteurs qui profitent de la situation pour augmenter exagérément prix et profits peut être porteuse politiquement, mais sans grand effet concret sur les prix.

L’utilisation des réserves stratégiques ne peut avoir un effet sur le long terme, d’autant que les marchés savent qu’elles ne sont pas infinies. Les mesures monétaires de la lutte contre l’inflation (hausse des taux d’intérêt) pourraient provoquer un ralentissement de la reprise économique post-Covid.

Au-delà des facteurs évoqués depuis plusieurs mois, le rôle joué par la baisse très nette de l’immigration depuis la pandémie est désormais pointé comme un facteur expliquant le manque de main d’œuvre qui entretiendrait la hausse des prix. Mais la marge de manœuvre de Biden sur le sujet est réduite : faire le pari de laisser rentrer davantage de migrants pour relancer l’économie paraît extrêmement risqué politiquement, puisque la diabolisation de l’immigration est un argument électoral classique des républicains.

Le scénario économique le plus probable est donc un maintien de prix élevé de l’énergie et d’un niveau d’inflation important, alors même que certains américains seront pris dans un « effet ciseaux » puisque l’effet des mesures de soutien décidées en 2020 et reconduites, pour la plupart, en mars 2021 continuera à s’estomper jusqu’à l’élection.

Tout miser sur une « inversion de la courbe » de l’inflation paraît donc bien illusoire et risqué. D’autant que dans le même temps, il est aussi tout à fait possible qu’un nouveau variant du coronavirus prolifère d’ici les élections, avec de potentielles conséquences négatives sur la reprise économique (sans même parler du fait que cela obligerait le gouvernement fédéral à recommander à nouveaux des mesures de protection très impopulaires).

De toute façon, le pari d’une amélioration sur le front de l’inflation, comme celui d’une « victoire » sur la Russie, sont trop dépendants de paramètres extérieurs et ne peuvent constituer une stratégie électorale pour le parti du Président.

L’absence de « remède miracle » à l’inflation n’empêche cependant pas d’y travailler et de chercher dans le même temps à redresser le bilan et l’image du Président sur d’autres plans.

L’objectif est de reconquérir la frange de l’électorat qui base son vote sur les résultats concrets obtenus par l’administration au pouvoir. En réussissant, lors des 6 mois qui viennent, à obtenir des résultats sur divers sujets importants, avec un savant panachage entre des mesures populaires dans l’ensemble de l’opinion (par exemple le financement de la garde d’enfants) et mesures symboliques pour la base démocrate. Et en faisant passer certains de ces résultats avec le soutien de quelques républicains pour démontrer la capacité du Président des démocrates à dépasser les clivages partisans et à faire travailler Washington au profit de tous les américains.

C’est sans aucun doute l’option privilégiée par Biden, puisqu’il s’agit tout simplement de mettre en œuvre ses promesses de campagne. Biden est convaincu que la seule façon de sortir par le haut des divisions politiques actuelles est de montrer que le consensus reste possible et que Washington peut encore « délivrer » des résultats importants pour les américains : c’était l’objectif de sa Présidence. Renoncer explicitement à cette approche acterait sans doute un échec de la première moitié de sa Présidence et le fragiliserait beaucoup pour la suite de son mandat.

Mais la question est la suivante : les espoirs d’améliorer significativement le bilan et donc l’image du Président sont-ils réalistes ?

Certes, Biden bénéficie encore d’un certain capital sympathie, même si son action est jugée négativement: son image n’est pas totalement détériorée et il est encore considéré par une majorité d’américains comme un « good guy »3Une campagne mettant volontairement en retrait Biden priverait d’ailleurs les démocrates d’un acteur qui sait quand même bien parler aux américains ordinaires.. Ainsi, selon un sondage de mi-février du Quinnipiac Poll seuls 34%  des américains disaient apprécier à la fois Joe Biden et son action en tant que Président. Mais 21% appréciaient Joe Biden tout en ayant un avis négatif sur son action.

Certes les spots de campagne républicains n’hésitent pas aujourd’hui à le mettre en avant, alors qu’en 2020 les spots critiquant les démocrates utilisaient plutôt Nancy Pelosi, Bernie Sanders ou Alexandria Ocasion Cortez. Ce n’est pas bon signe et ce n’est d’ailleurs pas pour rien que les candidats démocrates dans des circonscriptions disputées ne se battent pas spécialement pour recevoir le Président sur le terrain ou pour apparaître à ses côtés…  Mais un sondage montrait encore récemment  que 50% des américains considéraient que Joe Biden essayait de faire de son mieux. Un redressement de la popularité du Président n’est donc pas exclu, si les résultats les permettent.

Le problème est plutôt ailleurs : sur quels sujets marquants Biden peut-il raisonnablement espérer pouvoir obtenir un vote du Congrès ?

L’accord obtenu courant mars sur des rallonges budgétaires est certes important dans la mesure o où il a permis d’éviter un « shut down » des services publics, mais il est déjà oublié (d’autant que les passes d’armes politiques ont recommencé depuis, sur le vote de nouveaux crédits pour lutter contre la pandémie de coronavirus). On voit mal de toute façon comment en faire un thème de campagne.

Les démocrates pourraient théoriquement espérer bénéficier de soutiens républicains, sur le fond, sur quelques sujets populaires (comme le financement de la garde d’enfants ou peut-être une amélioration à la marge des procédures électorales).

Mais cela suppose que certains sénateurs républicains acceptent d’aider l’administration Biden. Leur nombre risque d’être réduit, dès lors que pour entrer dans cette catégorie, il faut que les républicains concernés soient à la fois convaincus du bien-fondé des mesures et non exposés politiquement. C’est-à-dire qu’ils ne remettent pas en jeu leur mandat cette année, et même dans ce cas qu’ils soient suffisamment sûr de leur force pour considérer qu’un vote favorable à Biden ne leur portera pas tort en 2024 ou 2026.

Quand on voit que certains sénateurs républicains modérés qui ont annoncé que le mandat en cours serait leur dernier n’osent pas franchir le pas (souvent parce qu’ils ont peur que cela pénalise leur successeur désigné lors de futures primaires républicaines), on ne peut sans doute pas être très optimiste côté démocrate.

Il n’est pas dit non plus que le Président arrive à mobiliser son propre camp pour concentrer ses efforts sur l’obtention, au forceps, d’accords a minima sur un agenda réduit. Les leaders démocrates à la Chambre et au Sénat semblent aujourd’hui, on le verra plus loin, avoir d’autres projets pour utiliser le porte-voix du Congrès en vue des midterms.

En réalité, le seul élément significatif certain qui serait susceptible d’améliorer le bilan, pour une part importante de l’électorat, est la nomination à la Cour Suprême par le Président de Ketanji Brown Jackson, qui deviendra la première juge afro-américaine à siéger dans la plus haute juridiction américaine. Il s’agissait d’une promesse de campagne du Président. Pour autant, cette nomination n’aura pas d’impact concret à court terme car elle ne modifie pas le rapport de force entre conservateurs et progressistes à la Cour Suprême, puisque Ketanji Brown remplace un juge progressiste et ne remet pas en cause la super-majorité conservatrice (6 juges contre 3).

Au moment du vote début novembre, le symbole de sa nomination, avec le soutien de 3 sénateurs républicains, et de sa prise de fonction, qui aura eu lieu au début de l’été, pourrait être effacé derrière d’autres sujets d’actualités. D’autant que les républicains ont fait le choix de ne pas s’aventurer à attaquer cette nomination et la personnalité de Ketanji Brown Jackson pour éviter les accusations de racisme4Certains n’ont évidemment pas pu s’empêcher de dénoncer son « laxisme »..

Au-delà des espoirs limités d’étoffer le bilan de Biden et du Congrès (certains considèrent qu’il faudra plutôt tenter de valoriser des bonnes surprises que de tout miser sur des accords au Congrès), les démocrates savent aussi qu’il s’agira ensuite de le vendre aux électeurs.

Ainsi, des résultats en deçà des ambitions initialement affichées seront difficiles à vendre aux démocrates progressistes. Et les difficultés rencontrées par Biden et son équipe pour faire valoir ce qu’il accompli jusqu’à présent (par exemple le vote d’un programme massif de rénovation des infrastructures) n’incitent sans doute pas les démocrates à l’optimisme.

L’exercice est par ailleurs difficile : mettre en avant les promesses tenues et les résultats, c’est courir le risque d’être à contre-courant du sentiment qui prévaut dans l’opinion publique sur les difficultés rencontrées par le pays.

La perception de la situation économique par les américains est peut-être injuste mais elle est ce qu’elle est. Comme le fait justement remarquer un stratège démocrate, expliquer à l’opinion publique que la situation économique est bonne alors que ce n’est pas le ressenti général est un mauvais calcul politique. Un américain persuadé que la situation économique est mauvaise qui entend le Président dire le contraire ne peut en tirer que deux conclusions : soit qu’il se trompe sur sa propre situation, soit que le Président est déconnecté de la réalité. A quelle conclusion a-t-il le plus de chance d’arriver ?

En réalité, on ne peut considérer les deux premières années du mandat Biden comme un succès relatif que si on part du principe à la fois que la situation dont il a hérité était très compliquée et que les institutions américaines sont dysfonctionnelles. Autant de considérations qui ne s’imposent pas naturellement dans l’esprit des électeurs ordinaires. Ces derniers jugent l’action présidentielle non pas à l’aune de sa marge de manœuvre avec le Congrès, des limites de son pouvoir réel ou des déclarations optimistes sur l’avenir, mais bien au travers de leur perception de la situation du pays.

Dans ce contexte, même les plus fervents partisans du Président et son équipe elle-même, semblent conscient que les midterms ne pourront pas être gagnées sur le bilan et sur le nom du Président lui-même.

Attaquer les républicains pour éviter à tout prix un referendum sur Biden

Il s’agit donc de faire de l’élection non pas un referendum sur le début du mandat Biden, mais un choix entre deux alternatives.

Tous les experts politiques américains rappellent que lorsque l’élection de mi-mandat est simplement un referendum sur l’action du Président au pouvoir, le parti de ce dernier a toutes les chances de subir une lourde défaite.

Comme on ne peut cependant pas faire comme si le Président et son bilan n’existaient pas, encore moins pour des candidats au Congrès, qui sont aussi responsables du bilan législatif, que pour des candidats à des postes de gouverneurs par exemple5Encore que les résultats de 2021 ont montré que les candidats démocrates au poste de gouverneur, y compris le gouverneur sortant du New Jersey, n’étaient pas loin de là épargnés par le vote sanction., il s’agit de pointer les risques à voir l’autre camp triompher.

Il y a cependant plusieurs façons d’essayer de marquer la différence entre les candidats démocrates et les candidats républicains.

La première option consiste à comparer les programmes des deux partis et à utiliser les prochains mois pour caractériser, par exemple dans des débats au Congrès, ces différences.

C’est évidemment l’option des modérés et des proches de Biden. Ce n’est pas pour rien que ce dernier avait lourdement insisté, lors de la conférence de presse organisée fin janvier pour marquer la fin de sa première année de mandat, sur l’obstructionnisme des républicains mais aussi sur leur absence totale de propositions.

« Je n’avais pas anticipé qu’il y aurait un tel effort constant [des républicains] pour garantir ce qui est le plus important pour eux, à savoir que le Président Biden ne puisse rien faire. Réfléchissez : en faveur de quoi sont les républicains ? En faveur de quoi ? Citez-moi une chose à laquelle les républicains sont favorables ? »

Joe Biden, lors de sa conférence de presse du 19 janvier, organisée pour faire le point sur sa première année de mandat.

Il faut dire que les républicains prêtent le flanc à des critiques en la matière.

Il y a d’abord le leader des républicains au Sénat, Mitch Mc Connell, qui représente le parti républicain férocement conservateur et anti-« big government » de l’ère pré-Trump (pour dire les choses très vite, on pourrait dire que c’est un héritier du Reaganisme) assume de ne pas avoir de programme électoral pour 2022 et de tout miser sur les attaques contre le bilan démocrate.

Rappelons d’ailleurs que pour la présidentielle en 2020, le parti républicain et le candidat Trump n’avait pas de « plateforme de campagne » (ce qu’on appellerait en France un « programme »), si ce n’est la reconduction du Président et la poursuite de son action. Cela traduisait le désordre de l’équipe Trump mais aussi une vraie orientation idéologique : pour les républicains, plus que jamais opposés à « l’activisme » de l’Etat fédéral, exercer le pouvoir se limite à baisser les impôts (ce que Trump a pu faire rapidement après son élection) et à nommer des juges conservateurs chargés de bloquer les évolutions sociétales et de limiter les pouvoirs du gouvernement fédéral.

Et quand le sénateur républicain de Floride Rick Scott a proposé un plan en 11 points qui pourrait servir de plateforme à son parti, il s’est fait rembarrer par Mitch McConnell et le parti républicain a surtout essayé d’enterrer ce document, tant il comportait de mesures polémiques ou repoussoirs non seulement pour les démocrates mais aussi pour les électeurs modérés (arrêt de la discrimination positive, réduction drastique des dépenses publiques, lutte contre la diversité sexuelle, limitation du droit à l’avortement, etc.).

L’idée pour les démocrates est alors non seulement d’axer leur communication sur les risques immédiats d’un retour au pouvoir des républicains pour le quotidien des américains en forçant les républicains à se positionner au Congrès sur les sujets de divergence.

L’exemple le plus concret concerne l’assurance santé. Les démocrates comptent bien mettre à l’agenda du Congrès des mesures visant à baisser le prix effectif de certains traitements. Cela concerne par exemple le coût des traitements à l’insuline, alors que le diabète est une maladie qui touche environ un américain sur dix et notamment les plus pauvres qui sont les plus enclins à ne pas pouvoir financer eux-mêmes une couverture santé efficace.

Le choix de ce sujet n’est pas un hasard : nombre de stratèges démocrates et de candidats ayant conquis des sièges républicains lors des midterms de 2018 considèrent que la question de l’assurance santé avait été un facteur décisif. En martelant que Donald Trump avait bien failli mettre fin à l’Obamacare entre 2016 et 2018 et qu’une victoire républicaine aux midterms pourraient remettre le sujet sur la table, les démocrates avaient conquis le vote d’électeurs indépendants ou volatiles (les « swing voters »). Et notamment le soutien de nombreuses « suburban women », c’est-à-dire les mères de famille des banlieues résidentielles des classes moyennes, considérées comme le segment électoral faiseur de rois depuis une trentaine d’années. Utiliser le refus des républicains de voter une amélioration de l’Obamacare peut donc être un argument électoral très porteur.

Mais certains démocrates, notamment progressistes, considèrent que ce type d’approche cela ne suffira pas. Ils s’appuient, encore une fois, sur les difficultés rencontrées pour vendre le bilan du début du mandat.

Les démocrates n’ont pas du tout réussi à obtenir un soutien populaire, qui auraient pu mettre en difficulté les républicains (et même les plus réticents de leur propre camp), pour le programme « Build Back Better », pourtant présenté le pendant « social » du plan « infrastructure » parce qu’il comportait des propositions relatives justement à l’assurance santé ou au financement de la garde d’enfants. Peuvent-ils vraiment faire mieux et fragiliser les républicains en se focalisant sur quelques mesures certes importantes et concrètes mais qui restent de nature « technique » ?

La tentation de raviver les « culture wars »…

Dès lors, certains plaident pour axer la campagne sur la différence entre démocrates et républicains sur des questions davantage « idéologiques » : préservation des droits civiques, lutte contre les discriminations raciales et sexuelles, avenir du droit à l’avortement, etc. Autrement dit, pour les tenants de cette approche, la meilleure stratégie serait de se lancer dans un nouvel épisode des « culture wars » (que nombre de républicains eux-mêmes sont tentés d’ouvrir).

Il ne s’agit pas d’ailleurs de gagner cette guerre culturelle, qui ne peut pas avoir de vainqueur, dans le sens où on doute qu’elle puise convaincre un électeur intéressé par les questions abordées à cette occasion de changer de camp. Il s’agit simplement d’essayer de jouer sur la mobilisation relative des différents segments électoraux.

Là encore, les démocrates ne manquent pas de sujets d’actualité à mettre en avant pour relancer l’affrontement idéologique et l’actualité des prochains mois pourrait les y aider.

Il y a d’abord l’avenir du droit à l’avortement, alors que la Cour Suprême doit statuer dans les mois qui viennent sur des contentieux et pourrait bien, selon les experts, remettre en cause la jurisprudence dite Roe vs Wade de 1973 et ouvrir la voie à l’adoption de lois restrictives au niveau des états.

Le fait que la Cour Suprême n’ait pas suspendu la loi texane, en vigueur depuis septembre 2021, qui réduit drastiquement les possibilités d’avorter dans cet état (en ouvrant la possibilité à des particuliers de demander des réparations financières auprès des personnes et structures pratiquant l’avortement) traduit manifestement une volonté de revenir sur cet acquis.

En quoi la question de l’avortement peut-elle avoir un impact sur les élections ?

D’abord parce que cela peut être un argument pour conserver une majorité démocrate au Sénat, dès lors que ce dernier doit voter la nomination des juges proposés par le Président. Conserver un Sénat démocrate pendant la fin du mandat Biden, c’est pouvoir, en cas de décès d’un juge conservateur, rééquilibrer un peu la Cour. A contrario, perdre cette majorité, c’est perdre tout espoir en la matière pour les deux ans qui viennent.

Au-delà, une décision qui renverrait largement aux états les conditions du droit à l’avortement peut constituer un argument majeur pour mobiliser les électeurs dans les états où les postes de gouverneurs sont en jeu et attirer certains démocrates qui auraient tendance à s’abstenir, en pointant une conséquence immédiate de leur vote. Cela peut jouer dans des états où les sièges de sénateur notamment seront très disputés et où les électeurs voteront justement en novembre pour élire leur gouverneur6La durée du mandat des gouverneurs dépend des états et une trentaine de postes de gouverneur feront l’objet d’un vote en novembre prochain. : Géorgie, Arizona, Wisconsin, Ohio, Pennsylvanie, etc. Car selon les sondages7Par exemple celui de Gallup https://news.gallup.com/poll/1576/abortion.aspx. (souvent contestés), une majorité d’américains est plutôt contre le retour en arrière sur le droit à l’avortement… et notamment les « suburban women » déjà évoquées.

De même, la Cour Suprême devrait se prononcer d’ici les midterms sur des cas relatifs au droit de porter les armes, dont les conditions varient selon les états, ce qui pourrait là encore susciter une mobilisation des électeurs pour les élections locales, avec là encore, une majorité d’américains (et notamment, encore elles, les « suburban women ») souhaite un encadrement plus strict du port d’armes tandis qu’une petite minorité souhaiter faciliter encore le port d’armes.

Toujours dans le même registre, les lois discriminatoires passées récemment dans plusieurs états contrôlés par les républicains (exclusion des athlètes transgenres des compétitions sportives scolaires et universitaires, criminalisation des traitements permettant de changer de genre à l’adolescence avec risque pour les parents d’être condamnés pour traitement abusif des enfants, interdiction de livre traitant des discriminations raciales ou de la diversité sexuelle, etc.) sont aussi de nature à mobiliser la base électorale démocrate sur l’enjeu des élections aux postes de gouverneurs ou pour les assemblées parlementaires des états.

Dernier sujet emblématique de la guerre idéologique entre conservateurs et progressistes et potentiellement très mobilisateur, celui des droits civiques et notamment des restrictions indirectes à l’exercice du droit de vote. Les péripéties des élections de 2020 ont évidemment mis ce sujet au premier plan de l’actualité, avec les extrémistes Trumpistes qui considèrent que la fraude a permis l’élection de Biden, tandis que les démocrates continuent à dénoncer les procédures visant manifestement à compliquer la vie aux électeurs des quartiers pauvres et afro-américains. Les lois électorales votées  en Géorgie, par exemple ont suscité un débat politique violent et un fort émoi chez les défenseurs des droits civiques (non sans un certain excès quand par exemple ils considèrent que la vérification de l’identité des électeurs est une entrave au droit de vote…).

Les démocrates y voient un potentiel de mobilisation important des électeurs progressistes et issus des minorités. Ce n’est pas pour rien que juste après l’échec des négociations internes au parti démocrate sur « Build Back Better », les leaders démocrates à la Chambre et au Sénat Nancy Pelosi et Chuck Schumer ont immédiatement mis à l’ordre du jour une loi encadrant davantage au niveau fédéral les procédures électorales. Il s’agissait évidemment de remobiliser la base militante du parti.

Biden lui-même a repris à son compte cette offensive, dans un discours très virulent (et considéré comme offensant par certains républicains, lorsque le Président a comparé le refus de voter la loi proposée par les démocrates à l’attitude des pires figures du Sud sécessionniste et de la période ségrégationniste).

Certains y ont vu une évolution du Président, qui se lancerait dans la bataille idéologique à laquelle il était jusqu’alors réticent. Le contenu de son discours sur l’état de l’Union le 1er mars a montré que la bascule n’était en réalité pas significative, puisque Biden a alors soigneusement évité les sujets idéologiques mobilisateurs, n’évoquant ni les inégalités raciales, ni les violences policières, ni le droit à l’avortement.

Les leaders démocrates au Congrès (comme le Président d’ailleurs savent pertinemment que les propositions en la matière n’ont aucune chance d’être votées au Sénat compte tenu de la règle du « filibuster » qui impose, si certains sénateurs l’exigent, de disposer d’une « super-majorité » de 60 sénateurs pour adopter un texte. Ils ont d’ailleurs les uns comme les autres appeler à supprimer la règle du « filibuster » spécifiquement sur les lois électorales… sans aucun espoir là aussi puisqu’une proposition pour modifier cette règle ne recueillerait pas suffisamment de voix au Sénat.

Dans le même ordre d’idée, les démocrates ont fait adopter à la Chambre des représentants début avril une loi dépénalisant l’usage du cannabis, en sachant très bien qu’une telle loi n’avait aucune chance de passer au Sénat – lequel l’a d’ailleurs repoussée dans la foulée.

On est donc là dans la pure agitation politique, en utilisant au passage du temps parlementaire qui pourrait être utilisé pour essayer de faire passer des mesures plus concrètes qui pourraient améliorer le bilan de Biden : le choix stratégique est clair.

Est-ce que tout cela cela peut permettre de gagner l’élection en galvanisant la base militante démocrate ? On peut en douter. La lassitude vis-à-vis des grands discours stériles est un paramètre à prendre en compte. Et l’argument selon lequel il faut renforcer une majorité sortante pour qu’elle puisse enfin accomplir ses promesses n’est jamais sans risque.

Par ailleurs, les républicains utiliseront les mêmes escarmouches idéologiques pour mobiliser la base militante républicaine en agitant le chiffon rouge de l’agenda progressiste des démocrates. Et les modérés, même effrayés par certaines positions des républicains, pourraient aussi y réfléchir à deux fois avant de voter démocrate, s’ils ont le sentiment que c’est l’aile « idéologique » ou « gauchiste »  qui prend le pouvoir au sein des démocrates, au détriment de l’aile pragmatique représentée par Joe Biden.

Quand le spectre de Donald Trump est toujours bien présent

Cela étant, parler des procédures électorales a un autre intérêt politique pour les démocrates : celui de laisser la figure de Donald Trump au milieu du débat, et de rappeler aux électeurs de tous bords, que Trump a non seulement contesté l’élection, mais aussi suscité une insurrection au Capitole le 6 janvier dernier pour tenter d’empêcher la validation par le Congrès du résultat de l’élection présidentielle, sans que les républicains, à quelques courageuses exceptions près, ne se distancient explicitement du Président.

La tentation est donc grande, côté démocrate, de jouer la carte Trump lors de ces élections et d’agiter la menace, bien réelle, d’un retour au pouvoir d’une clique Trumpiste bien décidée à tout faire pour réinstaller Trump à la Maison Blanche.

Il ne s’agirait plus seulement de mettre en avant les risques qu’il y aurait à redonner les clés à un parti républicain de plus en plus « radicalement conservateur », mais aussi de mettre en avant le péril – bien réel – pour la démocratie.

Tous les candidats républicains ne sont pas des militants Trumpistes. Nombre d’élus républicains restent scandalisés par l’attitude de Trump après les élections de novembre 2020 et ne souhaitent pas son retour. Mais ceux-là sont bien silencieux et veulent surtout éviter de s’attirer les foudres de l’ancien Président et d’avoir à affronter un candidat « MAGA » lors d’une primaire pour l’investiture républicaine.

Et de fait, le camp républicain au Congrès, et notamment à la Chambre des représentants, semble bel et bien chaque jour davantage contrôlé par les extrémistes pro-Trump, complotistes, qui continuent à répandre le « big lie » selon lequel l’élection de 2020 a été truquée, qui voient d’abord le Congrès comme une enceinte pour défendre le Président, diaboliser Biden et les démocrates. Et qui traquent la moindre critique sur Trump dans leur propre camp pour excommunier les fautifs.

Kevin McCarthy, leader des républicains à la Chambre et candidat naturel à la présidence de cette dernière en cas de victoire de son camp en novembre, n’hésite pas, pour éviter d’avoir à affronter un concurrent soutenu par les Trumpistes, à affirmer qu’il donnera un rôle important aux personnalités les plus clivantes (et les plus inquiétantes) du parti, telles Marjorie Taylor Greene ou Paul Gosar – dont ils seront trop long de rappeler toutes les sorties de route, sur le « big lie » mais aussi sur la vaccination ou la nomination de Ketanji Brown Jackson à la Cour Suprême, depuis leur élection il y a 18 mois.

Il y a là évidemment un point de faiblesse important côté républicain8On y reviendra lors d’une prochaine chronique.. Il est certain que les électeurs modérés et indépendants, même mécontents de Biden, pourraient y réfléchir à deux fois avant de voter pour des candidats susceptibles de restaurer le chaos politique façon Trump, cette fois au Congrès.

Les démocrates qui affronteront des adversaires aux positions Trumpistes outrancières, adeptes du « big lie » ou défendant les participants à l’insurrection menée au Capitole le 6 janvier 2021 (et ces derniers pourraient nombreux…), auraient tort de se priver de cet angle d’attaque.

Mais l’argument n’avait pas porté lors de l’élection pour le poste de gouverneur de Virginie en 2021. Le candidat démocrate avait tenté d’instrumentaliser le soutien apporté par Trump à son adversaire, lorsque les sondages étaient devenus inquiétants à quelques semaines du scrutin. En vain car son adversaire avait su garder la bonne distance vis-à-vis de l’ancien Président, en évitant tant de l’encenser que de le critiquer. Il avait aussi réussi à placer le débat sur d’autres sujets (gestion du Covid, contrôle des parents sur le contenu de l’enseignement dans les écoles, etc.) mobilisateurs pour son camp.

En réalité, sans Trump sur le bulletin de vote (ou au pouvoir comme pour les midterms de 2018), il n’est pas du tout évident que la seule évocation de son nom ait une réelle influence. Et si la menace sur la démocratie est bien réelle, l’emporte-t-elle sur l’appréciation de la situation économique, les difficultés quotidiennes liées à la hausse des prix, etc. ?

Faut-il dès lors faire d’un possible retour de Trump le pilier de la stratégie nationale des démocrates ? Les observateurs sont d’ailleurs divisés sur le sujet.

Pour les uns, comme le vétéran Charlie Cook dont la publication en ligne est très lue par les observateurs politiques, « le parti qui sera au cœur du débat électoral perdra les élections. Si le débat sur Biden et ce que la majorité démocrate a fait ou n’a pas fait, les démocrates perdront. Si l’élection porte sur Trump, ou sur les candidats républicains, alors le résultat de l’élection sera très mauvais pour le parti républicain ».

Pour d’autres, le profil des candidats républicains et leur soutien à Trump importera peu et « même une boite à outils ou un chien » (pour reprendre l’expression de Mike Murphy)  pourrait gagner face un démocrate si le bilan du Président n’est pas plus consistant, et surtout si les démocrates n’arrivent pas à mettre en avant ce qu’ils ont fait ou veulent faire pour améliorer le quotidien des américains.

A ce stade, il apparaît que toute façon qu’en l’absence de stratégie alternative jugée porteuse, la tentation d’instrumentaliser le rôle que joue encore Donald Trump au sein du parti républicain est trop forte côté démocrate.

Elle est d’autant plus que les démocrates ont de quoi rythmer l’actualité des prochains mois avec une saga sur Trump.

La commission d’enquête organisée à la Chambre des représentants sur l’insurrection au Capitole du 6 janvier dernier envisage non seulement de tenir des auditions publiques et télévisées pour rappeler à tous les américains ce qu’est le Trumpisme mais elle s’oriente manifestement vers des conclusions mettant en avant la responsabilité de Donald Trump lui-même dans l’insurrection. Elle s’appuie sur le fait qu’un juge, appelé à statuer sur le refus de certains acteurs de répondre aux convocations de la commission ou de transmettre des documents, a justifié sa décision en indiquant que Trump « avait plus de chances [d’être responsable de la tentative d’insurrection du 6 janvier 2021] que de ne pas l’être ».

La commission parlementaire va donc probablement sans doute transmettre ses conclusions au ministère de la justice pour lui demander d’engager une procédure judiciaire contre Donald Trump (ce que seul le ministère de la justice peut faire).

Certains démocrates voient là une potentielle « silver bullet »9Expression sans réel équivalent aussi imagé, qu’on pourrait traduire par « action imparable ».. Ils considèrent sans doute que tous les candidats républicains, y compris tout ceux qui évitent au maximum le sujet ou s’expriment de façon tortueuse sur l’ancien Président, seraient inévitablement amenés à prendre position sur Trump, tant l’inculpation d’un ancien Président constituerait un coup de tonnerre.

Or, les républicains qui soutiendraient explicitement Trump pourraient susciter le rejet des électeurs modérés ou motiver la base démocrate. Et ceux qui critiqueraient l’ancien titulaire de la Maison Blanche s’attirerait à coup sûr la foudre Trumpiste et s’aliéneraient les électeurs « MAGA ».

Voir dans cette question un argument imparable, c’est peut-être oublier que de nombreux républicains n’hésiteront pas à contre-attaquer et à dénoncer la focalisation et l’acharnement des démocrates sur l’ancien Président, alors qu’ils sont au pouvoir et devraient traiter les problèmes quotidiens des américains, etc.

Une telle réponse des républicains ne manquerait pas de mauvaise foi ni de cynisme mais pourrait être très efficace : alors que de nombreux américains, quelle que soit leur opinion sur Donald Trump, étaient en 2020 fatigués par l’agitation médiatique des 4 ans de Présidence Trump et soulagés de passer à autre chose, il n’est pas certain qu’ils aient envie de le voir à nouveau au cœur du débat politique.

Critiquer Trump est une chose, s’acharner à faire condamner un ancien Président en est une autre10Sauf s’il existe une preuve explicite de la culpabilité du Président, comme un enregistrement d’une instruction à ses proches de pousser les manifestants à envahir le Capitole. Il n’est pas exclu que ce soit le cas… mais une partie des archives de la Maison Blanche sur le 6 janvier est mystérieusement manquante.. Dénoncer une classe politique démocrate tournée sur elle-même et tournant en boucle sur des polémiques politicardes et voulant rejouer le match de la présidentielle de 2016 dans les tribunaux au lieu de régler les problèmes du pays peut-être un ressort extrêmement puissant pour les républicains. Un retour de bâton n’est donc pas du tout à exclure.

Biden en est bien conscient et a, depuis son élection, évité au maximum de parler de son prédécesseur et d’envoyer au plus vite Trump dans les oubliettes de l’histoire. C’est la théorie de la « parenthèse » qui se serait refermée, et c’est cohérent avec la conviction du Président qu’il faut sortir par le haut des débats partisans en réglant les problèmes concrets américains plutôt qu’en se perdant dans débats politiciens.

Il s’est tenu à ce principe, qu’il avait clairement édicté lors de prise de fonction et notamment lors de la  deuxième tentative d’impeachment, à laquelle il n’était manifestement pas très favorable et dont il ne s’était surtout pas mêlé. Seule exception, difficilement critiquable : à l’occasion de l’« anniversaire » du 6 janvier, il a prononcé un discours sur la défense de la démocratie dans lequel il a, mais comment aurait-il pu en être autrement, durement dénoncé Trump.

Mais Biden va être obligé de se positionner sur Trump dans les prochains mois. Les suites données aux conclusions de la commission d’enquête parlementaire sur les événements du 6 janvier relèvent du ministre de la Justice Merrick Garland et ce dernier fait passer le message que la décision sera indépendante et basée strictement sur une analyse juridique des éléments rassemblés par la commission parlementaire. On imagine cependant que les conséquences politiques de cette décision seront également soigneusement pesée et que le Président Biden aura son mot à dire. Que le ministère de la Justice décide d’inculper Donald Trump ou qu’il y renonce, la décision aura inévitablement une grande portée politique.

Ouvrir une procédure judiciaire à l’encontre de l’ancien Président serait un événement exceptionnel qui mettrait sans aucun doute le sujet au cœur de la campagne pour les midterms.

Mais renoncer à s’en prendre au Président au motif de l’apaisement (ou n’inculper que les proches collaborateurs de Trump) susciterait sans aucun doute la déception des militants démocrates et les déclarations triomphales de la galaxie Trumpiste.

Le débat sur l’attitude à adopter va sans doute faire rage au sein du camp démocrate dans les prochaines semaines. Mais le coup est en réalité déjà parti. Il est désormais bien tard pour débrancher la machine qui s’est enclenchée avec la commission parlementaire et les déclarations qui ont fait monter la sauce sur une éventuelle inculpation de Donald Trump.

De fait, Donald Trump sera au cœur de la campagne des midterms. Et les démocrates n’y seront pas pour rien, malgré les efforts de Joe Biden pour passer à autre chose.

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